Archives de catégorie : Nature

Pour une réponse cohérente et globale

Participation au Grand débat national, le 19 février 2019

Dérèglement climatique, biodiversité et bien-être animal

Il faut repenser notre mode de consommation et de production par la promotion d’une organisation collective dont les références ne seraient plus la croissance numérique et la libre-concurrence mais le respect de la nature et le bien-être de ses habitants. S’il nous faut des réformes à la fois pratiques et praticables, c’est aussi une véritable révolution mentale qu’exige la situation catastrophique de notre planète. Or cette révolution ne peut être conçue de manière partielle et nécessite au contraire de refonder l’ensemble de notre projet de société pour entreprendre une action globale et cohérente :

1. Organiser une transition de notre agriculture afin de passer par étape de l’élevage intensif à une production de plus grande qualité, plus rémunératrice pour les paysans, plus respectueuse de l’animal et de l’ensemble de la nature. C’est pourquoi la déclaration du président de la République à Etang-sur-Arroux suivant laquelle il faut augmenter l’agriculture intensive à l’exportation et les circuits courts au sein du territoire national – me semble en totale contradiction avec le bien-être animal et les objectifs de lutte contre le dérèglement climatique et la pollution (suppression des intrants chimiques de synthèse qui polluent les sols, les eaux et tous les organismes vivants, etc.). On se souvient par exemple que le président de la région Normandie, Hervé Morin, souhaitait développer l’année dernière l’exportation de vaches et de veaux vers l’Iran en utilisant la voie aérienne, projet insensé, tant en matière d’empreinte carbone que de bien-être animal, qui a fort heureusement été mis en suspens en raison de la politique de Donald Trump à l’égard de la République islamique. D’une manière générale, les longs transports d’animaux à travers l’Europe ou vers le Moyen Orient doivent être limités puis progressivement interdits et la France devrait donner l’exemple dans ce domaine au niveau européen. Dans le même esprit, il faut accompagner par des aides et des encouragements le passage de l’élevage porcin intensif (environ 96 % de la production actuelle) à des exploitations où seront respectés les besoins de ces animaux fouisseurs : paille à la place du sol en caillebotis, accès à l’extérieur, suppression des mutilations à vif, etc.). Avant même de commencer à parler de bien-être animal, il faudrait supprimer certaines pratiques parmi les plus intolérables comme le broyage des poussins vivants, l’élevage pour la fourrure ou encore les dérogations dont jouissent les abattages rituels (juifs et musulmans). Par ailleurs, certaines expériences sont déjà tentées pour permettre au veau de téter sa mère au lieu d’être séparé d’elle et abattu, tout en produisant du lait pour les êtres humains. Une pratique qu’il faudrait développer mais qui ne s’accorde évidemment pas avec une production intensive et la surconsommation qui en est le corollaire. En ce qui concerne l’abattage, il faut revenir sur la suppression du projet pourtant indispensable de placer des caméras.

2. Les activités de chasse, malheureusement défendues âprement par l’actuel président de la République et son entourage, sont sources de souffrances multiples et d’insécurité mais également d’une importante pollution (30 000 à 40 000 tonnes de plomb polluent les écosystèmes européens comme l’a révélé récemment le journal Le Monde) et devraient être strictement limitées en commençant par l’octroi de plusieurs journées sans chasse par semaine. Dans un premier temps, il serait indispensable d’interdire les pratiques les plus cruelles comme la vénerie (notamment sous terre, c’est-à-dire le déterrage), la chasse à la glu, les matoles, tendelles, filets, etc., les tirs d’espèces dont les populations sont en diminution ou menacées, des sanctions plus importantes contre le braconnage, l’élevage clandestin, l’interdiction de l’élevage de faisans destinés aux tirs, la suppression de la notion même d’animaux “nuisibles” en repensant notre place au sein du milieu naturel, etc. En cas d’épizooties, ne pas privilégier systématiquement le massacre pour des raisons exclusivement économiques, d’autant plus que l’homme est parfois lui-même responsable de l’expansion des maladies comme cela semble être le cas des sangliers porteurs de la peste porcine importés clandestinement de Pologne en Belgique pour la seule distraction d’une chasse privée.

3. Promouvoir la sensibilisation à la nature et au respect de l’animal comme de véritables disciplines qui seraient enseignées dans les écoles au lieu que les représentants du gouvernement y accompagnent les chasseurs, comme l’a malheureusement fait récemment la secrétaire d’Etat Emmanuelle Wargon. Plus largement, protéger les lanceurs d’alerte et mieux contrôler le clientélisme et le lobbyisme effectués par le pouvoir politique ainsi que l’influence de Thierry Coste et de la Fédération nationale des chasseurs de France auprès du président de la République l’a tristement illustré (allant même jusqu’à provoquer, parmi d’autres motifs, le départ de l’ancien ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot). Dans ce domaine, comme dans d’autres, une plus grande neutralité de l’Etat constituerait une avancée démocratique sensible.

4. Il est urgent de réorganiser totalement les activités de pêche et l’impact catastrophique qu’elles ont sur les milieux marins en agissant tant au niveau national qu’au niveau européen : interdire purement et simplement la pratique dévastatrice de la pêche au chalut dans les frayères de bars et de merlus en Atlantique, traquer les pavillon de complaisance, limiter davantage la pêche du thon rouge dans l’océan indien, interdire l’emploi du DCP (dispositif de concentration de poissons), ce filet aimanté gigantesque qui ratisse les fonds marins et cause un désastre écologique, sanctionner la pollution occasionnée par les filets dans les océans mais aussi celle, plus circonscrite et limitée, de la conchyliculture sur le littoral français : de nombreux matériaux conchylicoles, des cordes de captages de nessain, des plastiques utilisés par les ostréiculteurs et mytiliculteurs pour l’élevage des huîtres et des moules, ainsi que des élastiques polluent en effet des sites comme la baie du Mont Saint-Michel. Se diriger rapidement vers une limitation des élevages intensifs de poissons. Organiser une concertation et un travail en commun régulier avec les associations de protection de la nature plutôt qu’avec les lobbies industriels ou de la chasse, comme cela existe déjà entre des ONG telles que SeaShepherd et des pays africains afin de lutter contre la pêche illégale et le pillage des ressources. Au lieu d’être des opposants trop souvent dénigrés, les associations devraient devenir des partenaires des pouvoirs publics tout en conservant leur indépendance financière.  Il est également nécessaire de développer la recherche sur d’autres types de pollutions sous-marines comme la pollution sonore dont l’impact négatif sur les cétacés est actuellement étudié par des ONG comme l’IFAW.

5. Exiger un étiquetage clair indiquant l’empreinte carbone de chaque produit du commerce, le taux de pollution général depuis la fabrication au recyclage (utilisation de produits chimiques, d’eau, de matières rares, de métaux lourds, etc.) et enfin une évaluation du bien-être animal avec un indice simple à lire qui serait garanti par plusieurs agences indépendantes de l’Etat et des producteurs. Il est indispensable en outre de contraindre les industriels à se diriger vers une suppression des emballages, notamment plastiques en multipliant la fourniture de produits en vrac. Taxer les produits étrangers qui ne répondraient pas à ces nouvelles normes françaises et européennes.

6. Établir des règlements stricts et très contraignants pour la pollution lumineuse et la surconsommation d’électricité pour des raisons commerciales (enseignes nocturnes, bureaux éclairées la nuit et leurs ordinateurs non éteints, les terrasses de bars et de restaurants chauffées l’hiver et la multiplication des écrans géants. Il faut tout simplement interdire les activités polluantes purement ludiques : comment tolérer par exemple à l’heure d’un dérèglement climatique majeur et de l’effondrement de la biodiversité que des hélicoptères remontent des skieurs en haut des pistes ou promènent les touristes sur la côte d’Azur en effectuant de constantes rotations ?

7. En matière de transport aérien, terrestre et maritime, il semble d’ailleurs impératif d’envisager une augmentation des taxes sur les trajets les plus longs et les plus polluants en essayant de négocier un accord européen voire mondial, mais comme un consensus dans ce domaine paraît des plus improbables, du moins à court terme, en raison des égoïsmes nationaux et de la compétitivité des entreprises, la France devrait commencer par faire pression au niveau de l’UE pour que le sacro-saint principe de “libre-concurrence” soit remplacé par celui de méthodes vertueuses en matière climatique et de respect de la nature. Nous ne pourrons constamment éviter l’opposition transitoire entre économie et écologie comme nous le faisons depuis plus de 30 ans. Un exemple, les gigantesques bateaux de croisière sont à la fois une grande source de revenus pour la France mais aussi de pollution par l’émission de particules fines, sans parler de la surconsommation à bord de denrées en tout genre, de la pollution en mer, etc. S’il existe de grands gisements d’emplois verts, il faut faire rapidement des choix parfois douloureux en taxant ces moyens de transports polluants. Développer de toute urgence le ferroutage et ne plus se limiter à des déclarations de bonnes intentions comme c’est le cas depuis des décennies.

8. Mettre un terme à l’artificialisation des sols. Reconvertir les zones bétonnées par le reboisement, la création ou la récréation de zones humides. Travailler à verdir les milieux urbains et notamment les quartiers populaires. L’objectif du gouvernement “zéro artificialisation nette” (tout nouvel hectare artificialisé devra être compensé par un hectare de terre “naturalisé”), n’est absolument pas suffisant et manque cruellement d’ambition. Le Pakistan a replanté un milliard d’arbres. L’Inde et la Chine (dont la pollution est due en partie à nos propres biens de consommations qu’elles fabriquent et exportent) ont également fait des efforts considérables. Quel est le plan concret de la France dans ce domaine ?

9. Il est indispensable d’aider davantage les foyers des classes moyennes basses et modestes à entreprendre la transition écologique en matière d’isolement des logements, de chauffage et de transport. Pour le financement de ces mesures essentielles, dont certaines sont déjà engagées par le gouvernement, une taxe importante sur les transactions boursières semble constituer un instrument efficace (mais non exclusif). D’une manière générale, il est urgent de donner enfin une réalité au principe “pollueur-payeur” en taxant les entreprises françaises et étrangères qui causent le plus de pollution. Pour cela, il faut sortit du sempiternel chantage à l’emploi en organisant plus rapidement la reconversion vers des métiers écologiques.

Il est bien évident que ces quelques pistes de réflexion induisent non seulement une modification de nos modes de production et de consommation mais parallèlement, et les choses sont indissociables, un changement de notre vision du monde dont l’alpha et l’oméga ne peuvent plus être “la libre concurrence” et la rentabilité

Lettre à Nicolas Sarkozy sur la pollution plastique de la Méditerranée, 9 juillet 2018

Nicolas Sarkozy à Crozon en 2011

Je publie aujourd’hui la lettre que, dans ma grande naïveté, j’avais écrite il y a un an à l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, imaginant que sa notoriété et ses contacts au plus haut niveau auraient permis de contribuer à la lutte contre la pollution plastique en Méditerranée.

Monsieur le président,

Avant de développer l’objet de cette lettre, je souhaiterais me présenter très brièvement. Écrivain et historien, je milite également depuis une vingtaine d’années au sein d’associations dédiées à la protection de la nature. Membre du comité de soutien à la Fondation Nicolas Hulot en 2007, j’ai défendu votre action en faveur du « Grenelle de l’environnement ».

Si je me permets de vous écrire aujourd’hui, c’est que j’ai pensé à votre projet d’une Union pour la Méditerranée que les circonstances, notamment au plan international, n’ont malheureusement pas permis de réaliser. Bien que souhaitable, ce projet ne sera certainement pas réétudié avant longtemps, du moins avant que certains problèmes majeurs tels que les conflits locaux, les menaces terroristes et l’absence d’une position européenne commune en matière d’immigration, deviennent moins aigus (et alors même qu’une telle Union eût peut-être permis de les anticiper sinon de les résoudre). En revanche, il paraît possible d’adapter votre projet à une question essentielle qui touche la Méditerranée : la pollution et, en particulier, celle des microparticules de plastique.

Je n’ai pas besoin de vous dire, Monsieur le Président, qu’il s’agit là d’un problème de première importance. De l’état de ce biotope dépend en effet une partie des ressources économiques et sociales d’un grand nombre de pays du pourtour méditerranéen, sans parler de la nécessité de préserver notre patrimoine commun pour les générations à venir. Or la situation, qui est aujourd’hui alarmante, pour ne pas dire catastrophique, requiert l’action rapide et concertée des principaux États riverains. Dans le texte de la proposition de résolution du Parlement européen n° B8-0706/201, datée du 9 janvier 2018, il est stipulé entre autres « que la Méditerranée, avec ses 17 000 espèces marines, est l’un des principaux lieux de la biodiversité mondiale » mais également « que 96 % des déchets flottants analysés en mer Méditerranée sont des matières plastiques » et « que 21 à 54 % de l’ensemble des microparticules de plastique dans le monde se trouvent dans le bassin méditerranéen ». Enfin, d’après les eurodéputés Ivan Jakovčić et Jozo Radoš, auteurs du projet de résolution, « des études récentes montrent que les poissons n’ingèrent pas les particules de plastique par accident mais les recherchent activement, avec tout ce que cela peut avoir comme incidence sur la santé humaine en matière de transfert de polluants ». A terme, l’objectif est « de bannir les sources principales de plastiques marins et de réduire les articles en plastique à usage unique ».

Étant donné les hautes fonctions que vous avez occupées, Monsieur le Président, nul n’est plus à même que vous de devenir l’ambassadeur d’une telle cause. Les relations que vous avez nouées avec les décideurs des États riverains de la Méditerranée, la réputation dont vous jouissez sur le plan international, permettraient sans nul doute d’accélérer les prises de décision des différents acteurs de cette partie du monde. Il ne s’agit évidemment pas de remplacer le travail du Parlement européen ou celui des différentes ONG, mais d’accompagner leur action, de la stimuler, de lui faire profiter de votre énergie et de votre expérience.

J’espère que vous me pardonnerez, Monsieur le Président, la liberté que je prends. Je n’ai nullement la prétention de m’ériger en conseil. Je tiens d’ailleurs à préciser que je n’attends strictement rien de cette démarche à titre personnel, pas même d’y être associé nominalement, et que ma seule motivation est l’espoir que nous puissions éviter la catastrophe annoncée menaçant ce joyau commun qu’est la Méditerranée.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

Laurent Dingli

Interpellation de François Fillon sur la condition animale et l’énergie nucléaire

carousel_3_chasseurMonsieur Fillon,

Vous êtes depuis toujours le défenseur des chasseurs et de la corrida. Sans toutefois vous faire un procès d’intention, les défenseurs de la cause animale dont je suis, peuvent s’inquiéter légitimement des mesures que vous pourriez prendre à cet égard si jamais vous étiez élu président de la République. Pourriez-vous clarifier votre position sur le sujet ? Êtes-vous favorable à un “statu quo” sur des questions très sensibles comme les conditions d’élevage et d’abattage, l’expérimentation animale, la révision de la liste des “nuisibles”, l’octroi de journées sans chasse ? Seriez-vous prêt au contraire à envisager des améliorations et des assouplissements de la réglementation actuelle malgré les lobbyistes pro-chasse très actifs qui vous soutiennent ou qui vous soutiendront très probablement après le 2ème tour des primaires (Luc Chatel, Gérard Larcher, Xavier Bertrand, etc.). Un nombre croissant de nos concitoyens sont sensibles à la cause animale qui devient une donnée importante de leur choix politique et citoyen. Sans évoquer ici la question de la souffrance, je tiens à souligner qu’il ne s’agit pas d’un sujet anecdotique mais d’une question éthique essentielle sur laquelle nous aimerions connaître votre position actuelle.

J’ajoute un dernier point, cette fois sur votre défense traditionnelle de l’énergie nucléaire. Les incidents récents survenus dans plusieurs centrales, la faillite d’Areva et le dernier rapport de l’ASN ne devraient-ils pas ébranler la position dogmatique des pro-nucléaires ? En d’autres termes, l’image d’un nucléaire propre, compétitif et garant de l’indépendance nationale, n’est-elle pas dépassée ou plus exactement mensongère ?

Commentaire publié 25 novembre 2016 sur la page Facebook de François Fillon.

Voir la profession de foi pro-chasse de François Fillon

 

Violence et faillite de l’Etat, de Calais au barrage de Sivens

La gestion du projet de barrage de Sivens dans le Tarn et ses conséquences dramatiques, la mort d’un jeune homme de vingt-deux ans, Remi Fraisse, suscitent colère et indignation. Colère contre certains agriculteurs irresponsables et leur représentant, la FNSEA, qui ne voient presque toujours que l’intérêt immédiat et catégoriel plutôt que l’intérêt général. Colère contre les institutions locales – chambre de commerce, conseil général -, qui font preuve de la même partialité, des mêmes calculs à courte vue sans jamais penser la globalité du problème auquel ils sont confrontés: pire en occultant délibérément les données qui gênent les projets de certains de leurs adhérents ou administrés dont ils espèrent les suffrages. Colère aussi contre une partie de la classe politique nationale, dont l’aveuglement n’a d’égal que la partialité dans la gestion des crises: la gauche de gouvernement qui, au-delà des discours lénifiants de campagne électorale, se moque en réalité comme d’une guigne de l’environnement ; cette gauche qui a préféré évincer Delphine Batho que déplaire aux lobbies productivistes, ce pouvoir dont l’un des ministres allait sans honte mégoter les quotas de pêche européens visant pourtant à protéger des espèces marines gravement menacées ; colère aussi contre cette opposition de droite, incarnée notamment par François Fillon, qui n’a, comme Jean-François Copé ou Bernard Accoyer, toujours rien compris à l’urgence de limiter, sinon d’arrêter la destruction fulgurante et massive de notre biotope. Sans parler de Nicolas Sarkozy qui prétend revenir sur l’interdiction d’exploiter le gaz de schiste. Consternation enfin à la lecture de certains articles de presse, qui ironisent sur l’opposition du barrage de Sivens, un journaliste écrivant même le plus sérieusement du monde qu’à ce titre, on n’aurait jamais construit le canal du Midi au XVIIème siècle ! Comment faire comprendre à ce “chieur d’encre” qu’au XVIIème siècle, la population mondiale ne s’approchait pas des huit milliards d’habitants, que les terres n’étaient pas empoisonnées par les pesticides, que les fleuves et les océans n’étaient pas saturés de métaux lourds et de déchets plastiques, que la rareté des ressources en eau n’était pas constamment aggravée par le changement climatique et l’élevage intensif, en un mot que l’on n’avait pas encore modifié de manière irrémédiable l’état de la planète et mis en cause la survie même d’une partie des espèces vivantes. Comment faire comprendre enfin à tous ces Diafoirus que les temps ont changé, que les passéistes, ce ne sont pas les militants écologistes (je veux dire les vrais par tous ces pitres médiatiques, ces figurants politiques si nombreux, rouge-vert ou écolo-libéraux, qui ont fait de cette belle cause un banal enjeu de pouvoir, un vulgaire fond de commerce ou le misérable exutoire de leurs obsessions idéologiques). Non, les passéistes, ce sont eux, eux qui refusent obstinément de voir que cette fuite en avant est criminelle, que le fait de détruire encore plus de zones humides, de pomper toujours plus d’eau pour produire et de consommer encore davantage, consiste à nourrir un Moloch insatiable.

La faillite et la responsabilité de l’Etat géré par François Hollande est très grave. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec la situation actuelle de la ville de Calais. Si les faits sont très différents, l’absence de réaction, de réflexion politique, est la même et ses conséquences sont désastreuses. L’envoi de CRS ou de gendarmes à Calais, à Notre-Dame-des-Landes, dans le Tarn, en d’autres termes l’emploi de la force publique – ce cache-misère -, précède souvent des abandons de projet en rase campagne et autres hypocrites reculades d’un pouvoir incapable d’anticiper et de trancher. Est-ce donc là toute la solution à la complexité du monde en ce début de XXIème siècle ? N’est-ce pas plutôt un aveu d’impuissance ? A une échelle différente, la mort du jeune Rémi Fraisse évoque la situation indigne dans laquelle les émigrés illégaux sont aujourd’hui obligés de vivre dans la mesure où elle est le fruit de la même abdication, du même aveuglement d’une autorité totalement discréditée et irresponsable. Ce pouvoir, qui devait soi-disant apaiser les conflits, ne fait en réalité que les exacerber en raison de son indifférence et de son aveuglement volontaire. Et, de même que la situation intolérable des émigrés abandonnés à Calais, a rendu possible des batailles rangées entre clandestins et permis l’instrumentalisation de ce désastre par le Front national, de même, l’incapacité à gérer la crise de Sivens a fait le jeu d’autres extrêmes et provoqué la mort d’un jeune homme de vingt-deux ans. Tout autant qu’un pouvoir tyrannique, un pouvoir faible, incapable de décider, apparaît comme l’un des pires pourvoyeurs de la violence et de la déliquescence du contrat social.

Lettre à Catherine Nay sur la ferme des “mille vaches”

Madame,
J’écoute toujours avec beaucoup d’intérêt vos interventions que j’apprécie souvent. Toutefois, j’ai éprouvé une certaine gêne en écoutant votre dernière chronique sur Europe 1. Je comprends l’agacement que suscite chez vous les actions de José Bové et de la Confédération paysanne – et tout récemment encore leur opposition à l’installation de la ferme dite des “mille vaches”. Vous n‘y voyez – comme pour le rejet des OGM – qu’une simple opposition d’inspiration idéologique et, pour tout dire, l’expression d’une forme récurrente d’obscurantisme. Je trouve votre dénonciation tout aussi systématique, bien qu’elle ne manque pas de fondement sur certains points. Vous ne retenez en effet qu’un modèle de croissance linéaire sans songer peut-être qu’il existe d’autres facteurs, d’autres priorités qu’il n’est pas forcément rétrograde de prendre en compte. Par exemple, vous ne semblez jamais songer au bien être animal et au respect que l’on peut avoir pour le vivant. Or ce n’est pas précisément le cas de notre modèle fondé presque exclusivement sur l’élevage intensif ; comme si cela n’était pas encore suffisant, il faudrait aller encore toujours plus loin dans cette course folle au rendement. Vous prenez l’Allemagne en exemple – je sais bien, c’est à la mode – mais vous êtes-vous demandé à quel prix se réalisait cette excellence comptable dans le domaine de l’élevage ? N’avez-vous pas songé que, derrière ces chiffres, ces indices, il y avait aussi de la vie et, il faut bien le dire, beaucoup de souffrance ? Croyez bien, chère Madame, que je n’ai nullement la prétention ni l’indélicatesse de venir ici vous adresser une quelconque leçon de morale. Je voudrais simplement vous rappeler que notre modèle économique, s’il nous apporte des avantages et un confort apparent, a aussi de graves revers qu’il ne faut pas continuer d’ignorer. Chaque année, en France, plus d’un milliard d’animaux sont élevés et abattus, dans des conditions souvent cruelles, voire même effroyables, malgré les progrès enregistrés par la Communauté européenne dont toute personne de bonne foi doit prendre acte. Mais l’industrie intensive, ce sont 60 millions de poussins broyés vivants par l’industrie agro-alimentaires ; ce sont plus de 80% des porcs élevés de manière intensive au mépris de leurs besoins fondamentaux (il y en a déjà plus que d’êtres humains en Bretagne qui se débattent dans de véritables usines à viande) ; ce sont, trop souvent encore, des volailles enfermés dans des conditions inacceptables, usés comme les vaches par l’éternel impératif de la production. Et, comme si cela n’était pas encore suffisant, il faudrait multiplier de gigantesques unités d’enfermement pour ces animaux qui ont aussi des besoins, comme vous, comme moi, comme nous tous – et produire encore et encore davantage. Vous évoquer l’aspect écologique de ces installations “modernes” (“moderne”, c’est le mot-alibi, le mot magique). Le fait de pouvoir retraiter les déchets n’est pas tout, bien que nos rivières et nos plages, ici en Bretagne, soient là pour attester qu’il y a en effet beaucoup de chemin à parcourir dans ce domaine. Non, il y a aussi l’être vivant ; je vous en prie, ne l’oubliez pas dans vos réflexions que je trouve si souvent pertinentes.
Avec mes plus sincères salutations
Laurent Dingli
Ecouter l’Edito de Catherine Nay du 1er juin 2014 sur le site d’Europe 1.fr

Questions aux candidats sur l’environnement et la condition animale

Je publie ci-dessous la lettre que j’ai adressée aux différents candidats aux élections municipales de Crozon (Finistère) et les réponses que j’ai reçues de Monsieur Jean-Marie Beroldy (Liste d’ouverture) et de Madame Dominique Tretout (Parti Socialiste). Nous attendons encore la réponse de Monsieur Daniel Moysan (DVD), actuel maire de Crozon. Comme ces différents courriers sont similaires, j’ai pris comme modèle la lettre adressée à Monsieur Jean-Marie Beroldy, afin d’éviter les répétitions.

Monsieur,
De concert avec plusieurs associations locales et nationales, j’effectue une démarche visant à connaître la position des élus sur des questions qui touchent au respect de l’environnement et à la protection animale dans notre département.
En matière d’environnement, nous aimerions savoir quels sont les grands axes de la politique que vous souhaitez mener au niveau local, notamment en ce qui concerne le respect de la Loi Littoral et la finalisation du P.L.U. de la commune de Crozon. Vous savez que le Tribunal administratif de Rennes a récemment condamné la commune pour avoir accordé des permis de construire à MM. Lars et Cossec au mépris de la Loi Littoral dans la zone de Kervéron-Menhir, limitrophe à Postolonnec (décision du 27 décembre 2013). Quant au P.L.U., nous souhaiterions connaître votre position au regard du projet de l’actuelle majorité municipale (respect des sites protégés, zones Natura 2000, protection des zones humides dont l’inventaire a été effectué, etc.) sans oublier la politique d’urbanisation que vous comptez suivre.  
Dans le volet « Urbanisme et environnement » de votre projet de campagne, vous fixez notamment comme objectif de : « Réétudier, dans le cadre Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), la notion de centralité pour mieux répondre à la demande tout en affirmant notre projet de territoire adopté dans le projet de Plan Local d’Urbanisme (PLU). ». Nous aimerions justement connaître un peu plus précisément vos projets sur ces questions essentielles. Vous évoquez entre autres la création de réserves foncières dans le but louable de retenir les jeunes ménages en presqu’île. Pourrions-nous savoir où vous envisagez concrètement de créer ces réserves foncières ?
D’autre part, quel est votre avis sur le projet d’installation d’une centrale photovoltaïque dans la zone de Kerdanvez, mené par la Communauté de communes de la presqu’île ? Avez-vous des projets concrets en matière de transports collectifs ? De protection de la faune et de la flore ? D’aide à l’agriculture biologique locale ? Et d’une manière plus générale, comment vous situez-vous au regard de « L’appel pour un pacte d’avenir écologique et solidaire pour la Bretagne et les Bretons», lancé par un collectif d’associations dont Bretagne Vivante et qui nous semble constituer la meilleure voie à suivre pour le département et la région ?
En ce qui concerne l’assainissement des eaux,  même lorsque les élevages respectent les normes en vigueur, le problème de l’évacuation des eaux polluées demeure un problème. Avez-vous des propositions à ce sujet ?

Enfin, dernier point, depuis les dernières grandes tempêtes de cet hiver, nos plages, pourtant immenses, sont transformées en décharges publiques et littéralement recouvertes de matières plastiques, polystyrène, articles de la grande distribution made in China, filets de pêche, bois, etc. Les associations et les particuliers sont débordés et ne peuvent prendre en charge seuls un tel tonnage de déchets. A ce sujet, nous avons bien pris note de votre proposition de campagne : « Nous regarderons en direction de la mise en valeur de l’environnement et de la gestion des espaces naturels (plages, sentiers côtiers) avec un renforcement de l’équipe technique municipale actuelle dédiée à l’environnement de terrain. Cette nouvelle équipe pourrait être également chargée du nettoyage littoral (chemins de randonnée, plages…) ». Nous aimerions un engagement fort à ce sujet, engagement que la fréquence des tempêtes hivernales et le dérèglement climatique rendent nécessaire.

En matière de respect de l’animal, tout en étant conscient de l’importance du secteur de l’élevage industriel en Bretagne, nous pensons qu’il est souhaitable de privilégier au maximum la qualité sur la quantité en soutenant l’agriculture responsable et locale. Le cahier des charges des cantines pourrait comporter au moins 20% de produits issus de l’agriculture biologique de proximité, d’œufs pondus par des volailles élevées en plein air et de porcs élevés en plein air ou, du moins, sur paille.
Actuellement, 90 % des porcs sont issus de l’élevage industriel contre 3% seulement pour l’élevage en plein air. Nous sommes d’autant plus inquiets quant aux conditions d’élevage que le seuil pour la procédure d’autorisation et d’encadrement technique renforcés (dite « IED ») a été récemment relevé à 2000 emplacements de porcs charcutiers et à plus de 750 emplacements de truies conformément à une directive européenne.

La réalité sur l’élevage industriel: voir l’excellent documentaire de Béatrice Limare “Adieu, veau, vache, cochon, couvée” © Cinétévé
Or les élus peuvent agir pour améliorer les conditions d’élevage concentrationnaire par le biais du soutien à l’élevage alternatif sur paille dont les avantages sont connus comme l’indiquent les campagnes de la Protection mondiale des animaux de ferme (P.M.A.F. – Voir détails en pièce jointe). Encore une fois, plutôt que de prendre constamment en exemple la voie productiviste suivie par l’Allemagne et fondée en grande partie sur des produits médiocres et un manque de considérations sociales pour la main d’œuvre, les élevages bretons peuvent miser sur la qualité en optant de manière croissante pour des labels bio ou rouge fermier.
Des membres de la P.M.A.F. – parmi lesquels figurent des ingénieurs agronomes – seraient éventuellement disposés à effectuer des visites d’élevages responsables du Finistère si vous en exprimiez le désir (sous réserve des disponibilités de chacun).
En espérant obtenir votre réponse sur ces différentes questions,
Veuillez croire, Monsieur, en l’assurance de ma considération distinguée
Laurent Dingli, président de l’Association de sauvegarde et de protection du site de Kervéron-Menhir

Réponse de Jean-Marie Beroldy

Monsieur,
 Pour faire réponse à votre courrier du 10 février, je vous livrerai mon analyse de la situation à Crozon-Morgat, parlant au nom d ela liste que je mène pour ces élections municipales.
Concernant la question de l’environnement, je sais que votre action est allée dans le sens de la protection de ce trait de côte qui est situé entre le Menhir et Postolonnec, dans l’affaire qui vous opposa à la mairie de Crozon, lorsque celle-ci délivra deux permis de construire à Monsieur Masarin. Je sais également qu’un autre permis de construire a attiré l’attention de votre association, mais je ne connais pas les détails de l’affaire Lars-Cossec. En effet, cette décision a été rendue récemment par un tribunal de premier degré et n’est pas accessible  en ligne. Pourriez-vous m’éclairer sur ce point ?
Vous me demandez notre position en matière de respect de la loi Littoral.
Il est vrai que certains maires de communes littorales, excédés par le contentieux surabondant de leur commune, sont tentés de demander la révision de cette loi, votée en janvier 1986. Loi très vague, orientée en sens inverse des lois de décentralisation de 1983, elle permit de protéger le littoral breton. Mais, comme toute loi floue, elle demanda beaucoup de travail d’interprétation aux tribunaux administratifs, cve qui fut source d’insécurité juridique pour les plaignants comme pour les défendeurs. D’où la tentation de demander la révision de la loi. Ce ne serait pas ma revendication.
Certains autres maires ont décidé de “vitrifier” toutes les zones NAC, zones urbanisables à condition d’y amener les réseaux, sources de contentieux. Ce ne serait sûrement pas la mienne, car je pense qu’il est nécessaire que subsistent des zones d’urbanisation potentielle.
Dans le cas du passage du POS (plan d’occupation des sols) au PLU (Plan Local d’Urbanisation) le fil conducteur est donné par le SCOT du pays de Brest (schéma territorial) qui prescrit avec justesse des éléments indispensables (éviter le mitage – assainissement – préserver les zones agricoles). Par contre il autorise par le biais du PADD (plan d’aménagement et de développement durable) une liberté d’action aux élus pour l’adapter aux particularités et aux spécificités locales. Dans une remarque plus générale le passage des surfaces urbanisables de 200 ha du POS à 70 ha du PLU est à mon avis trop brutal et pénalisant pour une seule génération et devrait être plus étendu dans le temps.
Nous souhaitons garder une commune attractive pour permettre l’installation des jeunes et cette restriction brutale du foncier à bâtir va forcément entraîner une augmentation des prix d’achat des terrains.
La loi Littoral sera bien mieux acceptée si elle n’a pas que l’effet de déposséder les petits propriétaires de terrains. Il nous faut trouver un juste milieu entre la protection de l’environnement et la protection des intérêts de nos concitoyens. Le confort juridique du maire est à placer au dernier plan, à ce qu’il me semble.
Pour ce qui est de la création de réserves foncières, elles demandent un effort financier considérable de la part de scommunes. Comme notre but n’est pas de recourir à l’expropriation, nous aurons à décider si certaines parcelles à vendre pourront avoir un intérêt pour la collectivité et nous ne pouvons pas savoir encore qui voudra vendre et où. De la sorte, il est difficile de vous indiquer une localisation précise. Aujourd’hui la commune vient d’acquérir 6000m2 dans Crozon. Cette superficie est pour le moment suffisante pour notre engagement de programme.
En ce qui concerne la centrale photovoltaïque, nous approuvons cette initiative, mais (sous toutes réserves) la Marine n’y serait pas favorable, du fait de la réverbération intense qu’elle génère réverbération qui pourrait gêner l’atterrissage des hélicoptères et avions militaires. Comment combiner ces deux attitudes antagonistes, cela serait présomptueux de ma part de vous donner une solution tranchée, car il faut d’abord écouter les arguments des uns et des autres.
En ce qui concerne les déchets apportés par la mer, nous sommes conscients que leur collecte ne peut plus être le seul fait des associations et des particuliers, vu l’ampleur de la tâche. Nous souhaiterions renforcer l’équipe technique municipale, comme nous l’avons exprimé dans notre programme. Ce point ne vous a d’ailleurs pas échappé et je vous en remercie.
En matière d’agriculture et d’élevage, nous souhaiterions privilégier la qualité plutôt que la quantité, mais un maire n’a pas beaucoup de pouvoir en la matière et notre but n’est pas de nous opposer aux agriculteurs et éleveurs de notre commune. Nous sommes bien conscients que, dans les années 1970, les technocrates de la Politique Agricole Commune insistèrent pour faire disparaître le bocage breton, considéré comme un obstacle à l’augmentation de la productivité. Ainsi certaines communes comme Telgruc et Plomodiern furent-elles soumises à un remembrement intense, ce qui a laissé des souvenirs douloureux dans l’histoire locale. Il fallait à tout prix mécaniser et produire plus. Nos paysans freinèrent autant qu’ils purent mais furent traités de passéistes. Ils furent obligés de s’endetter et de se mécaniser pour satisfaire aux impératifs de la production de masse, sous peine de dépérir. Inutile de rappeler que l’élevage fut accablé des mêmes injonctions et que nombreuses furent les petites exploitations qui disparurent.
Les agriculteurs que nous avons rencontrés se sont montré engagés dans une culture et un élevage propre pour une vente des produits locaux en circuits courts. Nous le favoriserons autant qu’il nous sera possible, peut-être en insérant ces produits locaux dans les menus des cantines pour permettre un chiffre d’affaires apte à maintenir ce type de culture.
Espérant que vous prendrez le temps de nous recevoir pour éclaircir certains points, je vous prie de croire, Monsieur, en l’assurance de ma considération distinguée
Jean-Marie Beroldy, candidat aux élection municipales, remise le 18 mars 2014

Réponse de Dominique Tretout

Bonjour monsieur,
Dans le cadre des élections municipales, nous avons annoncé notre souhait, si nous sommes élus d’élaborer tous nos projets en concertation avec les habitants. Nous souhaitons mettre en œuvre une vraie démocratie participative en consultant et en réunissant régulièrement les citoyens et les associations sur tous les projets structurants de la commune. Nous avons souhaité répondre à tous les questionnaires émanant des associations locales, Crozonnaises ou Presqu’îliennes, mais pas aux demandes relevant d’association nationale, s’il n’y avait pas de porteur local.
En matière de PLU, nous souhaitons revoir le projet réalisé par l’équipe municipale en tenant compte des souhaits des habitants. S’il s’agit bien de respecter la loi littorale, nous souhaitons conserver les terrains constructibles dans le précédent POS pour éviter la surenchère foncière.
Pour le désenclavement, nous souhaitons développer le transport collectif intra presqu’île, améliorer les liaisons vers Brest par une augmentation des rotations par car et la réétude d’un projet Transrade. Nous voulons également mettre en œuvre une offre de covoiturage pour les presqu’îliens.
Nous souhaitons développer les produits du terroir issus de la pêche et de l’agriculture locale en favorisant les circuits courts  producteur consommateur.
Nous voulons par différentes actions améliorer la propreté du littoral et de ses accès.
Par la démocratie, nous souhaitons travailler avec les associations locales pour qu’elles soient de véritables forces de proposition, à partir du moment où nous œuvrons tous dans le sens des intérêts collectifs et non pas des intérêts particuliers.
Nous avons également un programme conséquent pour la jeunesse, le développement économique et la culture pour permettre de développer notre presqu’île.
Tout un programme qui mérite d’être expliqué comme nous l’avons fait tout au long des nombreuses réunions publiques.
Cordialement

Communiqué de presse de l’Union des Associations pour la Défense du Littoral

Union des Associations pour la Défense du Littoral

12 allée de Créac’h Ibil
29000 – Quimper
http://www.defensedulittoral.com

Communiqué :                                                                                                                                           
Les dégâts considérables causés sur nos côtes le week-end dernier par la houle, conjuguée aux forts coefficients de marée, ne doivent pas être vus comme un épiphénomène sans lendemain.
Il va falloir remettre en état les bâtiments et les installations, et la facture risque d’être lourde.
Mais il faut analyser la situation également.
Le niveau des mers s’est élevé en moyenne de 20 cm au cours du 20ème siècle. La connaissance actuelle des effets du changement climatique amène à prévoir 30 à 50 cm d’augmentation du niveau de la mer lié à la dilatation thermique auquel s’ajouteraient 50 cm du fait de la fonte des glaciers. Les submersions marines sont dues aux effets combinés de l’augmentation du niveau de la mer et des tempêtes qui provoquent des surcotes. Comme les stocks de sédiments sont limités, la tendance est à l’érosion de la côte. Les îles sont particulièrement menacées par l’érosion. Sur les falaises de bord de mer, avec l’augmentation des précipitations, on peut craindre un plus fort ruissellement qui accentue les failles. La conséquence en serait l’effondrement des falaises, la disparition des sentiers côtiers et le recul des terrains littoraux.
Face au constat de la vulnérabilité de nos côtes, ne devons nous pas envisager le repli des activités vers des zones moins vulnérables au changement climatique. Certaines routes de bord de mer sont en sursis et des propriétés sont fortement mena­cées. Plutôt que de s’engager dans une lutte sans fin contre les impacts du changement climatique en utilisant des moyens techniques et technologiques lourds, n’est-il pas préférable de prendre en compte ces impacts dans l’aménagement du territoire et de s’y adapter ? Un recul des constructions et des activités doit être étudié par anticipation pour sécuriser les biens et les personnes.
Les fonds publics ne sont pas illimités, on le sait.
Enfin, la notion de risque n’est pas prise en compte dans la Loi Littoral, ne faut-il pas l’y introduire plutôt que de l’assouplir ? Le trait de côte, et avec lui la fameuse bande des 100 mètres inconstructible doivent être revus.
Pour l’UADL, le Président,
Jean-Pierre Bigorgne
06 89 10 16 75

Lettre à Richard Ferrand, député du Finistère, sur la préservation de l’environnement et la protection animale

 

Monsieur le député,
De concert avec plusieurs associations locales et nationales, j’effectue une démarche visant à connaître la position des élus sur des questions qui touchent au respect de l’environnement et à la protection animale dans notre département.
En matière d’environnement, nous aimerions savoir quels sont les grands axes de la politique que vous souhaitez mener au niveau local, notamment en ce qui concerne le respect de la Loi Littoral, les transports collectifs, la protection de la faune et de la flore, l’aide à l’agriculture biologique de proximité. Dans le cadre du projet de loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt présenté par M. Stéphane Le Foll, les représentants d’EELV ont exprimé la volonté d’en renforcer les ambitions sociales et écologiques (manque d’objectifs chiffrés et d’outils opérationnels)(1). Comment traduiriez-vous concrètement ces exigences au niveau départemental ?
D’une manière générale, comment vous situez-vous au regard de « L’appel pour un pacte d’avenir écologique et solidaire pour la Bretagne et les Bretons», lancé par un collectif d’associations, dont Bretagne Vivante, et qui nous semble constituer la meilleure voie à suivre pour le département et la région ?[2]En effet, il nous paraît urgent de remettre en question le modèle agricole exclusivement productiviste sur lequel nous vivons encore dans une très large mesure, nécessité à laquelle le projet de loi cité plus haut ne répond que très partiellement.
En ce qui concerne l’assainissement des eaux,  même lorsque les élevages respectent les normes en vigueur, le problème de l’évacuation des eaux polluées demeure un problème très préoccupant. Nous pensons notamment aux élevages industriels dont les déchets se déversent directement en mer. Avec l’Association Eau et rivières de Bretagne, nous regrettons en outre que  l’objectif de réduction du taux d’azote retenu dans le cadre du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux de l’Aulne ne soit que de 13%, alors qu’il avait été fixé à 30% pour l’Elorn[3]. De même, nous estimons qu’il est impossible d’en rester au statu quo à propos du dossier de l’Aulne canalisé et que, bien au contraire, il est nécessaire d’expérimenter l’ouverture d’écluses pour la gestion des poissons migrateurs. Enfin, à propos des inondations, nous attirons l’attention avec l’association Eau et rivières de Bretagne sur les fausses bonnes solutions que peuvent constituer les ralentisseurs de crues[4].
Enfin, dernier point, depuis les dernières grandes tempêtes de cet hiver, nos plages, pourtant immenses, sont transformées en décharges publiques et littéralement recouvertes de matières plastiques, polystyrène, articles de la grande distribution made in China, filets de pêche, bois, etc. Les associations et les particuliers sont débordés et ne peuvent prendre en charge seuls un tel tonnage de déchets.
En matière de respect de l’animal[5], tout en étant conscient de l’importance du secteur de l’élevage industriel en Bretagne, nous pensons qu’il est souhaitable de privilégier au maximum la qualité sur la quantité en soutenant l’agriculture responsable et locale. Le cahier des charges des cantines pourrait ainsi comporter au moins 20% de produits issus de l’agriculture de proximité biologique, d’œufs pondus par des volailles élevées en plein air et de porcs élevés en plein air ou, du moins, sur paille.
Actuellement, 90 % des porcs sont issus de l’élevage industriel contre 3% seulement pour l’élevage en plein air et de 5 à 7% pour l’élevage sur paille[6]. Nous sommes d’autant plus inquiets quant aux conditions d’élevage que le seuil pour la procédure d’autorisation et d’encadrement technique renforcés (dite « IED ») a été récemment relevé à 2000 emplacements de porcs charcutiers et à plus de 750 emplacements de truies conformément à une directive européenne. Nous estimons d’ailleurs qu’il est vain de se lancer dans une surenchère quantitative visant à soutenir la concurrence des usines à viande asiatiques ou brésiliennes.
Les élus peuvent agir pour améliorer les conditions d’élevage concentrationnaire par le biais du soutien à l’élevage alternatif sur paille dont les avantages sont connus comme l’indiquent les campagnes menées par la Protection mondiale des animaux de ferme (P.M.A.F. – Voir détails en pièce jointe). Encore une fois, plutôt que de prendre constamment en exemple la voie productiviste suivie par l’Allemagne et fondée en grande partie sur des produits médiocres et un manque de considérations sociales pour la main d’œuvre employée, les élevages bretons pourraient miser davantage sur la qualité en optant de manière croissante pour l’obtention de labels bio ou rouge fermier.
Des membres de la P.M.A.F. – parmi lesquels des ingénieurs agronomes – seraient éventuellement disposés à effectuer des visites d’élevages responsables du Finistère si vous en exprimiez le désir (sous réserve des disponibilités de chacun).
Enfin, je voulais attirer votre attention sur un appel lancé par l’Alliance Anticorrida au niveau national dans le cadre de la proposition de loi visant à interdire la corrida sur l’ensemble du territoire. Cette question ne concerne pas directement la vie de notre département, mais nous avons pensé que vous y seriez sensible et que vous accepteriez de nous communiquer votre position. Déjà quatre-vingts de vos collègues se sont engagés à soutenir cette proposition de loi. Votre engagement en faveur de l’abolition serait un message fort envoyé à toutes les personnes soucieuses du respect de l’animal non seulement dans notre département, mais aussi dans l’ensemble du pays.
En espérant obtenir votre réponse sur ces différentes questions,
Veuillez croire, Monsieur le député, en ma considération distinguée :
PJ : L’élevage sur paille par la P.M.A.F.
Laurent Dingli, président de l’association de sauvegarde et de protection du site de Kervéron-Menhir, à Richard Ferrand, député de la 6ème circonscription du Finistère, sur la préservation de l’environnement et la protection animale


[1]. Voir communiqué de Sandrine ROUSSEAU, Julien BAYOU, Porte-parole de EELV sur le site d’EELV.fr
[2]. Voir http://pacteecosolidairebretagne.wordpress.com/
[3]. Taux tout d’abord fixé à 15%, voir Etablissementpublic d’aménagement et de gestion du bassin versant de l’Aulne,  SAGE de l’Aulne, bassin 2013, p. 90 : . Les autres chiffres et données sont communiqués par Arnaud Clugery d’Eau et rivières de Bretagne.
[5]. Respect de l’environnement et de l’animal sont évidemment indissociables et ne sont ici séparés que pour la clarté du document.
[6]. Chiffres et données communiqués par Cécile Vuillermet, chargée d’études bien-être animal à la Protection mondiale des animaux de ferme (P.M.A.F.).