Lettre à Richard Ferrand, député du Finistère, sur la préservation de l’environnement et la protection animale

 

Monsieur le député,
De concert avec plusieurs associations locales et nationales, j’effectue une démarche visant à connaître la position des élus sur des questions qui touchent au respect de l’environnement et à la protection animale dans notre département.
En matière d’environnement, nous aimerions savoir quels sont les grands axes de la politique que vous souhaitez mener au niveau local, notamment en ce qui concerne le respect de la Loi Littoral, les transports collectifs, la protection de la faune et de la flore, l’aide à l’agriculture biologique de proximité. Dans le cadre du projet de loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt présenté par M. Stéphane Le Foll, les représentants d’EELV ont exprimé la volonté d’en renforcer les ambitions sociales et écologiques (manque d’objectifs chiffrés et d’outils opérationnels)(1). Comment traduiriez-vous concrètement ces exigences au niveau départemental ?
D’une manière générale, comment vous situez-vous au regard de « L’appel pour un pacte d’avenir écologique et solidaire pour la Bretagne et les Bretons», lancé par un collectif d’associations, dont Bretagne Vivante, et qui nous semble constituer la meilleure voie à suivre pour le département et la région ?[2]En effet, il nous paraît urgent de remettre en question le modèle agricole exclusivement productiviste sur lequel nous vivons encore dans une très large mesure, nécessité à laquelle le projet de loi cité plus haut ne répond que très partiellement.
En ce qui concerne l’assainissement des eaux,  même lorsque les élevages respectent les normes en vigueur, le problème de l’évacuation des eaux polluées demeure un problème très préoccupant. Nous pensons notamment aux élevages industriels dont les déchets se déversent directement en mer. Avec l’Association Eau et rivières de Bretagne, nous regrettons en outre que  l’objectif de réduction du taux d’azote retenu dans le cadre du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux de l’Aulne ne soit que de 13%, alors qu’il avait été fixé à 30% pour l’Elorn[3]. De même, nous estimons qu’il est impossible d’en rester au statu quo à propos du dossier de l’Aulne canalisé et que, bien au contraire, il est nécessaire d’expérimenter l’ouverture d’écluses pour la gestion des poissons migrateurs. Enfin, à propos des inondations, nous attirons l’attention avec l’association Eau et rivières de Bretagne sur les fausses bonnes solutions que peuvent constituer les ralentisseurs de crues[4].
Enfin, dernier point, depuis les dernières grandes tempêtes de cet hiver, nos plages, pourtant immenses, sont transformées en décharges publiques et littéralement recouvertes de matières plastiques, polystyrène, articles de la grande distribution made in China, filets de pêche, bois, etc. Les associations et les particuliers sont débordés et ne peuvent prendre en charge seuls un tel tonnage de déchets.
En matière de respect de l’animal[5], tout en étant conscient de l’importance du secteur de l’élevage industriel en Bretagne, nous pensons qu’il est souhaitable de privilégier au maximum la qualité sur la quantité en soutenant l’agriculture responsable et locale. Le cahier des charges des cantines pourrait ainsi comporter au moins 20% de produits issus de l’agriculture de proximité biologique, d’œufs pondus par des volailles élevées en plein air et de porcs élevés en plein air ou, du moins, sur paille.
Actuellement, 90 % des porcs sont issus de l’élevage industriel contre 3% seulement pour l’élevage en plein air et de 5 à 7% pour l’élevage sur paille[6]. Nous sommes d’autant plus inquiets quant aux conditions d’élevage que le seuil pour la procédure d’autorisation et d’encadrement technique renforcés (dite « IED ») a été récemment relevé à 2000 emplacements de porcs charcutiers et à plus de 750 emplacements de truies conformément à une directive européenne. Nous estimons d’ailleurs qu’il est vain de se lancer dans une surenchère quantitative visant à soutenir la concurrence des usines à viande asiatiques ou brésiliennes.
Les élus peuvent agir pour améliorer les conditions d’élevage concentrationnaire par le biais du soutien à l’élevage alternatif sur paille dont les avantages sont connus comme l’indiquent les campagnes menées par la Protection mondiale des animaux de ferme (P.M.A.F. – Voir détails en pièce jointe). Encore une fois, plutôt que de prendre constamment en exemple la voie productiviste suivie par l’Allemagne et fondée en grande partie sur des produits médiocres et un manque de considérations sociales pour la main d’œuvre employée, les élevages bretons pourraient miser davantage sur la qualité en optant de manière croissante pour l’obtention de labels bio ou rouge fermier.
Des membres de la P.M.A.F. – parmi lesquels des ingénieurs agronomes – seraient éventuellement disposés à effectuer des visites d’élevages responsables du Finistère si vous en exprimiez le désir (sous réserve des disponibilités de chacun).
Enfin, je voulais attirer votre attention sur un appel lancé par l’Alliance Anticorrida au niveau national dans le cadre de la proposition de loi visant à interdire la corrida sur l’ensemble du territoire. Cette question ne concerne pas directement la vie de notre département, mais nous avons pensé que vous y seriez sensible et que vous accepteriez de nous communiquer votre position. Déjà quatre-vingts de vos collègues se sont engagés à soutenir cette proposition de loi. Votre engagement en faveur de l’abolition serait un message fort envoyé à toutes les personnes soucieuses du respect de l’animal non seulement dans notre département, mais aussi dans l’ensemble du pays.
En espérant obtenir votre réponse sur ces différentes questions,
Veuillez croire, Monsieur le député, en ma considération distinguée :
PJ : L’élevage sur paille par la P.M.A.F.
Laurent Dingli, président de l’association de sauvegarde et de protection du site de Kervéron-Menhir, à Richard Ferrand, député de la 6ème circonscription du Finistère, sur la préservation de l’environnement et la protection animale


[1]. Voir communiqué de Sandrine ROUSSEAU, Julien BAYOU, Porte-parole de EELV sur le site d’EELV.fr
[2]. Voir http://pacteecosolidairebretagne.wordpress.com/
[3]. Taux tout d’abord fixé à 15%, voir Etablissementpublic d’aménagement et de gestion du bassin versant de l’Aulne,  SAGE de l’Aulne, bassin 2013, p. 90 : . Les autres chiffres et données sont communiqués par Arnaud Clugery d’Eau et rivières de Bretagne.
[5]. Respect de l’environnement et de l’animal sont évidemment indissociables et ne sont ici séparés que pour la clarté du document.
[6]. Chiffres et données communiqués par Cécile Vuillermet, chargée d’études bien-être animal à la Protection mondiale des animaux de ferme (P.M.A.F.).