Questions aux candidats sur l’environnement et la condition animale


Je publie ci-dessous la lettre que j’ai adressée aux différents candidats aux élections municipales de Crozon (Finistère) et les réponses que j’ai reçues de Monsieur Jean-Marie Beroldy (Liste d’ouverture) et de Madame Dominique Tretout (Parti Socialiste). Nous attendons encore la réponse de Monsieur Daniel Moysan (DVD), actuel maire de Crozon. Comme ces différents courriers sont similaires, j’ai pris comme modèle la lettre adressée à Monsieur Jean-Marie Beroldy, afin d’éviter les répétitions.

Monsieur,
De concert avec plusieurs associations locales et nationales, j’effectue une démarche visant à connaître la position des élus sur des questions qui touchent au respect de l’environnement et à la protection animale dans notre département.
En matière d’environnement, nous aimerions savoir quels sont les grands axes de la politique que vous souhaitez mener au niveau local, notamment en ce qui concerne le respect de la Loi Littoral et la finalisation du P.L.U. de la commune de Crozon. Vous savez que le Tribunal administratif de Rennes a récemment condamné la commune pour avoir accordé des permis de construire à MM. Lars et Cossec au mépris de la Loi Littoral dans la zone de Kervéron-Menhir, limitrophe à Postolonnec (décision du 27 décembre 2013). Quant au P.L.U., nous souhaiterions connaître votre position au regard du projet de l’actuelle majorité municipale (respect des sites protégés, zones Natura 2000, protection des zones humides dont l’inventaire a été effectué, etc.) sans oublier la politique d’urbanisation que vous comptez suivre.  
Dans le volet « Urbanisme et environnement » de votre projet de campagne, vous fixez notamment comme objectif de : « Réétudier, dans le cadre Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), la notion de centralité pour mieux répondre à la demande tout en affirmant notre projet de territoire adopté dans le projet de Plan Local d’Urbanisme (PLU). ». Nous aimerions justement connaître un peu plus précisément vos projets sur ces questions essentielles. Vous évoquez entre autres la création de réserves foncières dans le but louable de retenir les jeunes ménages en presqu’île. Pourrions-nous savoir où vous envisagez concrètement de créer ces réserves foncières ?
D’autre part, quel est votre avis sur le projet d’installation d’une centrale photovoltaïque dans la zone de Kerdanvez, mené par la Communauté de communes de la presqu’île ? Avez-vous des projets concrets en matière de transports collectifs ? De protection de la faune et de la flore ? D’aide à l’agriculture biologique locale ? Et d’une manière plus générale, comment vous situez-vous au regard de « L’appel pour un pacte d’avenir écologique et solidaire pour la Bretagne et les Bretons», lancé par un collectif d’associations dont Bretagne Vivante et qui nous semble constituer la meilleure voie à suivre pour le département et la région ?
En ce qui concerne l’assainissement des eaux,  même lorsque les élevages respectent les normes en vigueur, le problème de l’évacuation des eaux polluées demeure un problème. Avez-vous des propositions à ce sujet ?

Enfin, dernier point, depuis les dernières grandes tempêtes de cet hiver, nos plages, pourtant immenses, sont transformées en décharges publiques et littéralement recouvertes de matières plastiques, polystyrène, articles de la grande distribution made in China, filets de pêche, bois, etc. Les associations et les particuliers sont débordés et ne peuvent prendre en charge seuls un tel tonnage de déchets. A ce sujet, nous avons bien pris note de votre proposition de campagne : « Nous regarderons en direction de la mise en valeur de l’environnement et de la gestion des espaces naturels (plages, sentiers côtiers) avec un renforcement de l’équipe technique municipale actuelle dédiée à l’environnement de terrain. Cette nouvelle équipe pourrait être également chargée du nettoyage littoral (chemins de randonnée, plages…) ». Nous aimerions un engagement fort à ce sujet, engagement que la fréquence des tempêtes hivernales et le dérèglement climatique rendent nécessaire.

En matière de respect de l’animal, tout en étant conscient de l’importance du secteur de l’élevage industriel en Bretagne, nous pensons qu’il est souhaitable de privilégier au maximum la qualité sur la quantité en soutenant l’agriculture responsable et locale. Le cahier des charges des cantines pourrait comporter au moins 20% de produits issus de l’agriculture biologique de proximité, d’œufs pondus par des volailles élevées en plein air et de porcs élevés en plein air ou, du moins, sur paille.
Actuellement, 90 % des porcs sont issus de l’élevage industriel contre 3% seulement pour l’élevage en plein air. Nous sommes d’autant plus inquiets quant aux conditions d’élevage que le seuil pour la procédure d’autorisation et d’encadrement technique renforcés (dite « IED ») a été récemment relevé à 2000 emplacements de porcs charcutiers et à plus de 750 emplacements de truies conformément à une directive européenne.

La réalité sur l’élevage industriel: voir l’excellent documentaire de Béatrice Limare “Adieu, veau, vache, cochon, couvée” © Cinétévé
Or les élus peuvent agir pour améliorer les conditions d’élevage concentrationnaire par le biais du soutien à l’élevage alternatif sur paille dont les avantages sont connus comme l’indiquent les campagnes de la Protection mondiale des animaux de ferme (P.M.A.F. – Voir détails en pièce jointe). Encore une fois, plutôt que de prendre constamment en exemple la voie productiviste suivie par l’Allemagne et fondée en grande partie sur des produits médiocres et un manque de considérations sociales pour la main d’œuvre, les élevages bretons peuvent miser sur la qualité en optant de manière croissante pour des labels bio ou rouge fermier.
Des membres de la P.M.A.F. – parmi lesquels figurent des ingénieurs agronomes – seraient éventuellement disposés à effectuer des visites d’élevages responsables du Finistère si vous en exprimiez le désir (sous réserve des disponibilités de chacun).
En espérant obtenir votre réponse sur ces différentes questions,
Veuillez croire, Monsieur, en l’assurance de ma considération distinguée
Laurent Dingli, président de l’Association de sauvegarde et de protection du site de Kervéron-Menhir

Réponse de Jean-Marie Beroldy

Monsieur,
 Pour faire réponse à votre courrier du 10 février, je vous livrerai mon analyse de la situation à Crozon-Morgat, parlant au nom d ela liste que je mène pour ces élections municipales.
Concernant la question de l’environnement, je sais que votre action est allée dans le sens de la protection de ce trait de côte qui est situé entre le Menhir et Postolonnec, dans l’affaire qui vous opposa à la mairie de Crozon, lorsque celle-ci délivra deux permis de construire à Monsieur Masarin. Je sais également qu’un autre permis de construire a attiré l’attention de votre association, mais je ne connais pas les détails de l’affaire Lars-Cossec. En effet, cette décision a été rendue récemment par un tribunal de premier degré et n’est pas accessible  en ligne. Pourriez-vous m’éclairer sur ce point ?
Vous me demandez notre position en matière de respect de la loi Littoral.
Il est vrai que certains maires de communes littorales, excédés par le contentieux surabondant de leur commune, sont tentés de demander la révision de cette loi, votée en janvier 1986. Loi très vague, orientée en sens inverse des lois de décentralisation de 1983, elle permit de protéger le littoral breton. Mais, comme toute loi floue, elle demanda beaucoup de travail d’interprétation aux tribunaux administratifs, cve qui fut source d’insécurité juridique pour les plaignants comme pour les défendeurs. D’où la tentation de demander la révision de la loi. Ce ne serait pas ma revendication.
Certains autres maires ont décidé de “vitrifier” toutes les zones NAC, zones urbanisables à condition d’y amener les réseaux, sources de contentieux. Ce ne serait sûrement pas la mienne, car je pense qu’il est nécessaire que subsistent des zones d’urbanisation potentielle.
Dans le cas du passage du POS (plan d’occupation des sols) au PLU (Plan Local d’Urbanisation) le fil conducteur est donné par le SCOT du pays de Brest (schéma territorial) qui prescrit avec justesse des éléments indispensables (éviter le mitage – assainissement – préserver les zones agricoles). Par contre il autorise par le biais du PADD (plan d’aménagement et de développement durable) une liberté d’action aux élus pour l’adapter aux particularités et aux spécificités locales. Dans une remarque plus générale le passage des surfaces urbanisables de 200 ha du POS à 70 ha du PLU est à mon avis trop brutal et pénalisant pour une seule génération et devrait être plus étendu dans le temps.
Nous souhaitons garder une commune attractive pour permettre l’installation des jeunes et cette restriction brutale du foncier à bâtir va forcément entraîner une augmentation des prix d’achat des terrains.
La loi Littoral sera bien mieux acceptée si elle n’a pas que l’effet de déposséder les petits propriétaires de terrains. Il nous faut trouver un juste milieu entre la protection de l’environnement et la protection des intérêts de nos concitoyens. Le confort juridique du maire est à placer au dernier plan, à ce qu’il me semble.
Pour ce qui est de la création de réserves foncières, elles demandent un effort financier considérable de la part de scommunes. Comme notre but n’est pas de recourir à l’expropriation, nous aurons à décider si certaines parcelles à vendre pourront avoir un intérêt pour la collectivité et nous ne pouvons pas savoir encore qui voudra vendre et où. De la sorte, il est difficile de vous indiquer une localisation précise. Aujourd’hui la commune vient d’acquérir 6000m2 dans Crozon. Cette superficie est pour le moment suffisante pour notre engagement de programme.
En ce qui concerne la centrale photovoltaïque, nous approuvons cette initiative, mais (sous toutes réserves) la Marine n’y serait pas favorable, du fait de la réverbération intense qu’elle génère réverbération qui pourrait gêner l’atterrissage des hélicoptères et avions militaires. Comment combiner ces deux attitudes antagonistes, cela serait présomptueux de ma part de vous donner une solution tranchée, car il faut d’abord écouter les arguments des uns et des autres.
En ce qui concerne les déchets apportés par la mer, nous sommes conscients que leur collecte ne peut plus être le seul fait des associations et des particuliers, vu l’ampleur de la tâche. Nous souhaiterions renforcer l’équipe technique municipale, comme nous l’avons exprimé dans notre programme. Ce point ne vous a d’ailleurs pas échappé et je vous en remercie.
En matière d’agriculture et d’élevage, nous souhaiterions privilégier la qualité plutôt que la quantité, mais un maire n’a pas beaucoup de pouvoir en la matière et notre but n’est pas de nous opposer aux agriculteurs et éleveurs de notre commune. Nous sommes bien conscients que, dans les années 1970, les technocrates de la Politique Agricole Commune insistèrent pour faire disparaître le bocage breton, considéré comme un obstacle à l’augmentation de la productivité. Ainsi certaines communes comme Telgruc et Plomodiern furent-elles soumises à un remembrement intense, ce qui a laissé des souvenirs douloureux dans l’histoire locale. Il fallait à tout prix mécaniser et produire plus. Nos paysans freinèrent autant qu’ils purent mais furent traités de passéistes. Ils furent obligés de s’endetter et de se mécaniser pour satisfaire aux impératifs de la production de masse, sous peine de dépérir. Inutile de rappeler que l’élevage fut accablé des mêmes injonctions et que nombreuses furent les petites exploitations qui disparurent.
Les agriculteurs que nous avons rencontrés se sont montré engagés dans une culture et un élevage propre pour une vente des produits locaux en circuits courts. Nous le favoriserons autant qu’il nous sera possible, peut-être en insérant ces produits locaux dans les menus des cantines pour permettre un chiffre d’affaires apte à maintenir ce type de culture.
Espérant que vous prendrez le temps de nous recevoir pour éclaircir certains points, je vous prie de croire, Monsieur, en l’assurance de ma considération distinguée
Jean-Marie Beroldy, candidat aux élection municipales, remise le 18 mars 2014

Réponse de Dominique Tretout

Bonjour monsieur,
Dans le cadre des élections municipales, nous avons annoncé notre souhait, si nous sommes élus d’élaborer tous nos projets en concertation avec les habitants. Nous souhaitons mettre en œuvre une vraie démocratie participative en consultant et en réunissant régulièrement les citoyens et les associations sur tous les projets structurants de la commune. Nous avons souhaité répondre à tous les questionnaires émanant des associations locales, Crozonnaises ou Presqu’îliennes, mais pas aux demandes relevant d’association nationale, s’il n’y avait pas de porteur local.
En matière de PLU, nous souhaitons revoir le projet réalisé par l’équipe municipale en tenant compte des souhaits des habitants. S’il s’agit bien de respecter la loi littorale, nous souhaitons conserver les terrains constructibles dans le précédent POS pour éviter la surenchère foncière.
Pour le désenclavement, nous souhaitons développer le transport collectif intra presqu’île, améliorer les liaisons vers Brest par une augmentation des rotations par car et la réétude d’un projet Transrade. Nous voulons également mettre en œuvre une offre de covoiturage pour les presqu’îliens.
Nous souhaitons développer les produits du terroir issus de la pêche et de l’agriculture locale en favorisant les circuits courts  producteur consommateur.
Nous voulons par différentes actions améliorer la propreté du littoral et de ses accès.
Par la démocratie, nous souhaitons travailler avec les associations locales pour qu’elles soient de véritables forces de proposition, à partir du moment où nous œuvrons tous dans le sens des intérêts collectifs et non pas des intérêts particuliers.
Nous avons également un programme conséquent pour la jeunesse, le développement économique et la culture pour permettre de développer notre presqu’île.
Tout un programme qui mérite d’être expliqué comme nous l’avons fait tout au long des nombreuses réunions publiques.
Cordialement