Lettre à Isabelle Nanty sur la promotion des spectacles de cirque avec animaux

Madame,
Historien et romancier, très investi dans la protection animale, je voulais vous faire part du profond sentiment de tristesse et de désarroi que j’ai éprouvé en découvrant la bande-annonce du 52èmeGala de l’Union des Artistes dont vous avez organisé la mise en scène. Ce spectacle prévoit en effet des numéros de dompteurs de tigres, animaux que l’on voit d’ailleurs enfermés dans leur cage lors de la présentation. Il ne faut pas être éthologue ni spécialiste de la condition animale pour comprendre quelle vie de souffrance physique et mentale endure un animal sauvage de 250 Kg, enfermé à vie dans une cage ou en enclos étroit et contraint à faire des exercices nuisibles à sa santé. Il ne faut pas non plus être grand clerc pour comprendre que la docilité d’un fauve n’est jamais obtenue uniquement par de simples menaces et gratifications comme les dompteurs tentent de le faire croire depuis longtemps. Un jour peut-être nous mesurerons pleinement la cruauté et  le ridicule qu’il y a à condamner un animal à l’enfermement et à des activités contre nature pour notre seul plaisir égoïste.
D’ores et déjà, plusieurs pays, comme le Pérou, l’Autriche, le Danemark, la Belgique, la Suède et la Suisse, ont restreint ou banni la présence d’animaux sauvages dans les cirques, tandis que d’autres nations, telles que la Bolivie, la Grèce, ont purement et simplement interdit les cirques avec animaux. L’Angleterre et la Catalogne s’apprêtent à rejoindre la voie du respect en 2015. Loin d’être le fruit d’un militantisme fanatique, une évolution similaire de la législation est actuellement à l’étude aux USA, au Brésil, en Colombie, au Chili et en Equateur…
Croyez bien, Madame, que cet appel ne procède nullement d’une quelconque volonté de tout régenter et de tout interdire, ni même de se poser en donneur de leçons morales, mais seulement d’atténuer les souffrances que nous infligeons aux animaux et dont de tels spectacles ne sont malheureusement qu’un exemple parmi bien d’autres. Ce n’est pas davantage une charge contre le cirque, celui du Soleil notamment, prouvant que l’on peut allier l’excellence et le respect ou, pour le formuler autrement, que l’on peut divertir sans faire souffrir. En vérité, tout est une question de choix et d’engagement. Je sais par ailleurs que votre intervention a été motivée par un élan de solidarité à l’égard des artistes.
J’espère, Madame, que vous aurez l’envie de me répondre et que, sans nous lancer de quelconques anathèmes mutuels, nous pourrons ensemble tenter de faire évoluer la situation.
Veuillez agréer, Madame Lanty, mes salutations les plus distinguées.
PS : Des lettres similaires sont envoyées à MM. Benoît Poelvoorde, Elie Semoun* et Nathalie Baye qui ont participé à ce spectacle.
*Apparemment, la lettre destinée à Elie Semoun ne lui est pas parvenue.
Laurent Dingli à Isabelle Nanty, Artmedia, 20 avenue Rapp 75007 Paris, Crozon, le 2 janvier 2013
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