Dingli, l’anti-Littell
A près la publication des « Bienveillantes », un roman français plonge une nouvelle fois dans l’horreur nazie. Dans son livre, Jonathan Littell donnait la parole à un bourreau SS. Dans « Une pureté sans nom », Laurent Dingli fait parler un médecin allemand, sans position face à l’idéologie hitlérienne mais qui, ne disant mot, finit par consentir. Coupable par omission, c’est ainsi que se décrit Maximilien Gruber, dont la lettre adressée à son fils constitue le corps de ce roman. « Si je pouvais t’éviter ne serait-ce que le centième de mes errances passées, ma vie aura eu un sens », lui écrit-il en préambule du récit de son existence.
L’enfance dans l’Allemagne appauvrie de l’entre-deux-guerres, la tentation puis le rejet du national-socialisme, l’aveuglement face à la montée du nazisme : tout est passé au crible de son esprit tourmenté. Héros velléitaire jusque dans ses amours, le docteur Gruber ne manque pourtant pas d’humanité, comme nombre de personnages de ce premier roman qui entend donner chair à la notion de responsabilité collective. « J’avais l’indifférence mortelle de ces êtres sans conscience », affirme-t-il dans un mea culpa qui contraste avec le discours sans contrition de Maximilien Aue, le personnage de Littell.
Historien de formation, auteur d’une biographie de Robespierre, Dingli explique sa vision : « Je ne crois pas au déterminisme mais fondamentalement au libre arbitre. » Et semble faire sienne l’affirmation du narrateur à propos des nazis : « Il serait trop simple de les présenter tous comme de vulgaires machines. »