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Festival de Yulin: Horreur et cruauté en Chine

En plus de signer la pétition de change.org “Shut Down the Yulin Dog Meat Festival in GuangXi China“, vous pouvez réagir sur la page twitter stop yulin 2016, vous trouverez toutes les informations concernant le festival de Yulin et les réactions qu’il suscite sur la page de wildlifeplanet.net, l’article de Janet Kinosian  You Can End Barbaric Yulin Dog Meat Festival: Update 2016 sur le Huffington Post, voir aussi “Yulin dog meat festival: Thousands of animals slaughted in China” sur la page du Telegraph.uk

La Chine, fléau du règne animal

Lors de la rédaction de cet article, en 2008, j’avais conservé un fond d’optimisme. Mais, force est de constater, onze ans plus tard, non seulement que la situation ne s’est pas améliorée, mais qu’elle dépasse les pires cauchemars que j’aurais pu avoir. Tandis que l’industrie de la fourrure se porte à merveille, les rhinocéros et les éléphants sont au bord de l’extinction en raison de l’engouement des Chinois pour l’ivoire et de leur superstition en matière médicale.
L’Asie et, au sein de ce continent, la Chine, se signalent malheureusement encore trop souvent par les actes de barbarie et de cruauté commis envers les animaux – que ces derniers soient sauvages ou domestiques, destinés à l’alimentation, à la pharmacopée ou seulement prisés pour leur fourrure. L’objet de cet article n’est pas de stigmatiser la Chine, mais d’informer et de faire pression sur son gouvernement dans le contexte des Jeux olympiques de Pékin. L’arrogance n’est pas bonne conseillère et les insultes se révèlent inefficaces, d’autant plus que des Chinois s’investissent de plus en plus dans la protection animale. C’est par le dialogue, assorti de pressions respectueuses mais fermes, que nous pouvons espérer faire évoluer les choses. Force aussi est de constater, une fois encore, qu’il existe un lien évident entre la violence exercée contre l’homme et celle dont l’animal est la victime. Sans doute la situation est-elle en train d’évoluer, très lentement, grâce à la multiplication des échanges, au progrès de l’information et à la mise en place de partenariats avec les associations. Mais, le chemin à parcourir est encore long et la souffrance, humaine comme animale, requiert des interventions urgentes.

 En Chine, ainsi que dans plusieurs autres pays d’Asie, les chiens et les chats, que l’on consomme, sont traités avec une cruauté inouïe : entassés dans des cages, soumis à des mauvais traitements et à des conditions d’hygiène effroyables, ils attendent la mort au milieu de la terreur et du sang de leurs congénères que l’on dépecent devant eux. On sort les animaux de la cage à l’aide de grandes pinces de fer. Et c’est une bête hurlante que l’on bat à mort devant les autres (1) . Pour la fourrure, les chiens et les chats sont pendus à une corde et on leur arrache la peau sans se soucier de savoir s’ils vivent encore.
Tout, en Chine, est prétexte, pour manifester cette ahurissante cruauté: l’alimentation, la pharmacopée, la fourrure, mais aussi la lutte contre la rage – la plus inepte qui soit dans un Etat prétendu moderne. Ainsi, en 2006 et 2007, pour quelques cas seulement de rage avérés, des dizaines de milliers de chiens et de chats ont été massacrés, sans distinction et avec une violence insoutenable : on abattait les animaux à coup de barre de fer dans la rue, les bien-portants comme les autres, allant même les chercher chez leurs propriétaires. Et, une fois arrachés à leurs maîtres, dont certains étaient en larmes, on les exécutait devant eux. Certains propriétaires, en revanche, se chargeaient eux-mêmes de la basse besogne, afin de toucher la petite prime réservée par les autorités locales à l’abattage. En août 2006, 50 000 chiens furent ainsi massacrés dans le seul comté de Mouding. “Les chiens du comté ont tous été tués, parfois battus à mort dans les rues, sans savoir s’ils étaient vaccinés. « Je promenais mon chien et des policiers l’ont frappé à mort sans explication. » témoignait une femme, encore sous le choc” (2)

Tout le monde sait, aujourd’hui de quelle manière infâme, les Chinois martyrisent les ours à collier dont-ils prélèvent la bile, en leur occasionnant mille souffrances. Selon la WSPA, au moins 12.000 ours sont maintenus en captivités dans les fermes chinoises, vietnamennes et coréennes. Les animaux sont enfermés dans une cage de la taille d’une cabine téléphonique, renversée sur le côté afin de pouvoir extraire leur bile. Les associations tentent d’informer les populations et les Etats concernés sur les alternatives à la pharmacopée traditionnelle dérivée de produits animaux, notamment par l’utilisation de substance de synthèse ou à base d’herbes. Pourtant, malgré l’interdiction du commerce de la bile d’ours par la CITES et l’engagement pris par la Chine, le Vietnam et la Corée, l’exploitation se poursuit sur leur territoire. Un représentant américain, Raoul M. Grijalva doit présenter devant le Congrès un Bear Protection Act 2008 (H.R. 5534) afin d’interdire le commerce de produits dérivés de viscères d’ours, incluant la bile. Une enquête de la WSPA a en effet prouvé la présence de produits illicites dans plusieurs boutiques de médecine traditionnelle chinoise, notamment à Boston, Chicago et New-York.

Même chose pour les requins, décimés, mutilés de leur aileron et rejetés ainsi, encore vivant, dans l’océan. Les associations luttent pied à pied pour modifier les habitudes alimentaires et les méthodes d’abattage. A titre d’exemple, fin juin 2008, sous la pression du Sea Shepherd Conservation Society et de Bite-Back, le groupe de restaurants Hakkasan, l’un des 20 premiers restaurants au monde, a décidé de retirer la soupe d’ailerons de requins de ses menus. Les actions de Bite-Back et Sea Shepherd visent toute entreprise qui fait des bénéfices sur la vente de mâchoires, cartilage, ailerons, dents, et huile de foie, et les encouragent à cesser leurs activités.
Il faut encore ajouter à cette longue liste de maltraitance, les conséquences de l’élevage intensif. Comme le rappelle l’association Act Asia, l’exploitation industrielle de l’animal est en constante progression en Chine. Or, dans le même temps, il existe très peu de loi de protection animale. Sur place, les militants sont le plus souvent isolés et travaillent dans des conditions très dures.
Que dire encore des spectacles pendant lesquels des animaux, “achetés” par des touristes sont jetés à un fauve, pour être dévorés et constituer ainsi un plaisant divertissement ? Une belle école de sadisme et d’indifférence à la souffrance pour les enfants de ces touristes chinois en mal d’émotions fortes.
Ci-dessus : Touriste chinoise giflant un tigre enchaîné et drogué – Le comble de la bêtise et de la lâcheté

Cruauté et extinction des espèces

La cruauté envers l’animal se conjugue parfois avec l’extinction des espèces. C’est notamment le cas du requin et du tigre. Ce dernier est en voie de disparition en raison de la déforestation de son habitat, du braconnage visant à alimenter la pharmacopée chinoise et du commerce de la peau. Presque tout, dans l’animal – sang, abats, graisse, yeux – est censé receler des vertus curatives. La plupart des cinq sous-espèces de tigres sont en voie d’extinction. Le tigre blanc, variété du tigre du Bengale, n’existe plus à l’état sauvage ; le Tigre de Bali (Panthera tigris balica) a disparu, dès les année 1940, et celui de Java (Panthera tigris sondaica ) dans les années soixante-dix, exterminé par les chasseurs alors que son habitat s’était déjà considérablement réduit. A Java (Panthera tigris sumatrae), il ne restait plus en 2007, d’après le WWF, que 400 tigres en liberté. Dans l’île de Sumatra, malgré les lois de protection indonésiennes et la vigilance des associations comme le WWF et Traffic, le braconnage se poursuit et les petits marchés locaux continuent de vendre des pièces anatomiques destinées à l’orfèvrerie, à la pharmacie, ou aux souvenirs pour touristes : dents, griffes, os... (3). Le tigre de la Caspienne (Panthera tigris virgata), s’est éteint, en raison de la déforestation et celui de Chine méridionale (Panthera tigris amoyensis), principalement victime de la pharmacopée chinoise, ne pourra plus subsister à l’état sauvage. Dans le Sud de la Chine, au Vietnam, au Cambodge et en Thaïlande, il ne reste plus que quelques centaines de représentants du tigre d’Indochine (Panthera tigris corbetti).

Quant à la survie du tigre de Sibérie (Panthera tigris altaica), elle est très précaire puisqu’il ne reste que 500 individus vivants encore dans la nature. Le tigre du Bengale, ou tigre royal, (Panthera tigris tigris), est lui aussi menacé à cause de la surpopulation et de la déforestation en Inde. Sous l’impulsion des Gandhi, l’Inde avait entamé un effort significatif de protection de l’espèce, à partir de 1973, mais le gouvernement indien ne parvient pas à enrayer le déclin. En juin dernier, la Banque mondiale a lancé un projet visant à enrayer la disparition du tigre sauvage. (Edicom).

J’allais oublié de mentionner le commerce de l’ivoire auquel la Chine prend une large part, que ce soit sur le plan légal ou illégal. Cet été, la CITES a autorisé Pékin a se fournir auprès de quatre pays africains. Cette décision, très controversée, a été acquise notamment grâce au vote de la Grande-Bretagne. Pour les écologistes, l’entrée de la Chine sur le marché relancera le commerce illégal de l’ivoire et favorisera la recrudescence du braconnage. A noter, que sous la pression des associations comme l’IFAW, la société de commerce en ligne ebay vient de prendre l’engagement de ne plus permettre l’achat et la vente d’objets en ivoire sur son site, décision importante si l’on songe qu’internet constitue l’un des principaux réseaux du commerce illégal. On estime que 20 000 éléphants sont abattus chaque année à cause de l’ivoire de leurs défenses (4).

Le Canada, l’Espagne, l’Egypte, la France et les autres…

A Canadian sealer, in the Gulf of St. Lawrence

Si la Chine est un véritable fléau pour le monde animal, la cruauté reste le triste apanage de l’homme, quelle que soit sa nationalité. En Amérique, le Canada est depuis trop longtemps tristement célèbre pour ses vastes campagnes de chasse aux phoques, une pratique innommable et inutile, qui occasionne de grandes souffrances, malgré les dénégations de ses promoteurs. “Les chasseurs canadiens utilisent des gourdins, des hakapiks (instruments avec une pointe métallique) ou des fusils. Les témoins ont pu voir sur place des phoques lutter contre la mort pendant plus d’une heure, après avoir eu le crâne fracassé. La vision de nombreuses dépouilles sans peau et le son particulièrement horrible produit par les gourdins écrasant le crâne des bébés phoques ont marqué tout particulièrement les observateurs” (5) . Une vidéo, parmi d’autres, publiée sur dailymotion, permet de mesurer la réalité insoutenable de cette pratique. La chasse aux phoques constitue le plus grand massacre de mammifères marins sur la planète. Les phoques sont chassés pour leur fourrure, leur huile, utilisée notamment comme supplément d’oméga 3, et leur pénis, censé avoir des vertus aphrodisiaques, est revendu sur le marché asiatique. Plus d’un million de phoques ont été abattus sur la banquise ces quatre dernières années. Pour la seule année 2008, le gouvernement canadien a fixé le quota d’abattage à 275 000 phoques. Rien n’est pire que la surdité du Canada face aux cris d’indignations qui s’élèvent depuis près de quarante ans, notamment à l’initiative de Brigitte Bardot. Le massacre est aussi pratiqué en Namibie où le quota d’abattage a été fixée cette année à 85.000 otaries. Le 3 juillet dernier, le commissaire européen Stavros Dimas, de passage en France, a annoncé qu’il allait présenter, le 23 juillet, jour de la sainte Brigitte, une proposition visant à interdire l’importation de produits dérivés de la chasse aux phoques au sein de la Communauté européenne.galgo20Cruauté indicible aussi des Espagnols qui n’ont pas de procédés assez barbares pour faire souffrir les galgos, ces lévriers qui ont eu le malheur de perdre une course ou qui, tout simplement, paraissent trop usés pour servir. Alors, on les brûle vif, on leur mutile la truffe, on les pend jusqu’à ce que mort s’ensuive. La cruauté envers les animaux correspond malheureusement en Espagne à une tradition ancienne et toujours vivace. Il suffit d’énumérer les fêtes et célébrations diverses qui donnent lieu à des maltraitances ou à de purs massacres (6).

 Cruauté indescriptible de certains pays arabes comme l’Egypte où les chiens et les chats sont martyrisés et battus à morts, sans parler des animaux qu’on laisse lentement crever de faim, attachés à un pieu, jusqu’à ce qu’ils s’effondrent.
N’oublions pas notre propre pays, la France où, au nom de la tradition, on fait souffrir des milliers d’animaux : les oies et les canards encagés et gavés à vie pour que nous puissions manger leur foie (7). Et les taureaux de nos corridas dont l’agonie et la mort constituent un sujet de réjouissance, comme en Espagne. Il faut encore ajouter à cela les cuisses de grenouilles, importées d’Asie pour approvisionner le marché européen : Jetées et transportées pendant des heures dans des sacs, elles sont placées sur un billot de bois, profondément entaillées à la nuque, coupées en deux et éviscérées. Les grenouilles sont encore conscientes et peuvent mettre un long moment à agoniser, entassées à même le sol. Les membres inférieurs qui ont été sectionnés sont rincés de façon souvent rudimentaire avec de l’eau parfois impropre à la consommation. La peau est ensuite retirée et les cuisses de grenouilles sont congelées pour l’exportation » (8).
Comment agir ? En ne consommant aucun des produits issus de ces pratiques barbares, en soutenant les associations qui luttent pour les enrayer, en écrivant aux responsables économiques et politiques, susceptibles de faire évoluer la situation, notamment dans le cadre des Jeux olympiques de Pékin, pour ce qui concerne la Chine. L’Europe, a fait énormément de progrès en matière de bien-être animal. C’est une école de respect pour l’être humain, non seulement dans sa relation générale au monde vivant, mais aussi dans les rapports qu’il entretient avec ses propres congénères.

* Pour la protection des requins et des écosystèmes marins : vous pouvez signer la pétition sur le site lapetition.be ; agir et vous informer sur le site The Shark Alliance, (voir notamment les récents projets de protection émanant de la Communauté européenne), rejoindre des associations comme le Seashepherd de Paul Watson ou l’IFAW (International Fund for Animal Welfare), association plus généraliste en matière de protection animale.

 * Pour la protection du tigre : La Tiger Watch Foundation tente de protéger les derniers tigres du parc de Ranthambore, dans le Rajahstan indien, en essayant notamment d’assurer la reconversion des braconniers et de promouvoir divers programmes sociaux (école, hôpital, émancipation des femmes, protection de la forêt, etc.) ; voir aussi les sites du Wildlife Conservation India et de l’ONG britannique 21st Century Tiger, la Tiger Foundation, et Save The Tiger Fund (USA). Vous trouverez la description de plusieurs autres associations de protection du tigre sur le site Indian Tiger. L’International Tiger Foundation est une alliance de 35 organisations représentant une centaine d’associations qui se sont fixées comme objectif la préservation du tigre : voir la liste sur le site de STF.
* Pour la protection des ours à collier ou des autres animaux objets de maltraitance en Asie et en Chine : L’association Animal Asia tente de soigner et d’assurer un refuge aux ours à collier qu’elle accueille dans un état parfois critique : certains ne survivent même pas au transport ou meurent quelques temps après. Pourtant, le dévouement de cette équipe permet de soulager bien des souffrances, notamment par la voie chirurgicale. Il faut dire que les blessures de ses animaux sont graves et souvent irreversibles : chair pourrie jusqu’à l’os, plaie ouverte et purulente à l’abdomen, cancer du foie, etc. L’association One Voice, que nous avons souvent eu l’occasion de présenter dans ce blog, déploie des efforts conséquents, notamment pour préserver les populations d’ours en Inde ou alerter l’opinion public et lutter contre la maltraiance en Chine. Pour soutenir l’association et consulter ses autres domaines d’intervention en France comme en Asie, consulter le site de One Voice. L’association oeuvre d’ailleurs en partenariat avec Act Asia dont la mission, essentielle, consiste à former et à soutenir, en Asie, les personnes vouées à la protection animale.

(1) Une enquête menée récemment par One Voice, donne un aperçu des mauvais traitements dont sont victimes les chiens destinés à l’alimentation. Les membres de l’association ont visité, entre autres, l’usine de M. Wang, dans le Jinan, au sud-est de la Chine : “Dans les cages, les chiens s’agitaient de façon pitoyable : ils avaient de bonnes raisons d’être terrorisés. À l’aide d’une longue pince, un ouvrier a attrapé le cou d’un chien et l’a sorti de sa cage tandis que l’animal se débattait, puis il l’a frappé à la tête et au museau jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Il l’a ensuite traîné vers la zone d’abattage, il a mis le pied sur la tête du chien avant d’introduire un doigt dans son cou et de le saigner. Pendant que son sang s’écoulait sur le béton, l’animal était secoué de spasmes. Cependant, il était toujours vivant. Le boucher l’a laissé agoniser pendant sept minutes dans des conditions effroyables, le temps de tuer plusieurs autres chiens. Enfin, il l’a frappé à mort et l’a mis dans la marmite en ébullition afin d’en détendre la peau. « La peau ne se détache pas si le chien est encore vivant quand on l’ébouillante », nous a-t-on expliqué. La désinvolture dans laquelle une telle brutalité s’exerçait était presque aussi effrayante que les souffrances qu’elle provoquait. Nous avons vu des chiens amenés pour être abattus, comprimés les uns contre les autres dans des cages transportées sur des motos et sur de petits tracteurs. Les chiens étaient brutalement tirés des cages par le cou à l’aide de crochets en fer, ce qui les faisait hurler et se tordre de douleur. À un moment, un petit terrier a réussi à s’échapper au moment où on le sortait de sa cage. Un des ouvriers l’a brutalement attrapé et tiré à l’aide des crochets en fer, et les cinq ou six ouvriers qui assistaient à la scène ont rigolé en l’entendant hurler de douleur et de terreur. Certains chiens – divers terriers mais aussi des croisements de chiens danois – portaient des colliers, ce qui laisse penser qu’ils avaient été des animaux de compagnie. Compte tenu de sa dimension et de la cruauté de ses méthodes, cette usine est ce que nous avons visité de plus choquant en Chine. Notre chauffeur, un Chinois d’une cinquantaine d’années, en avait les larmes aux yeux. De tous les Chinois que nous avons rencontrés, il n’était pas le seul à être choqué et dégoûté par la façon dont les animaux sont traités dans son pays, ce qui nous laisse espérer que le jour où ce que nous avons vu sera montré à une part suffisamment importante de la population, une cruauté aussi épouvantable ne sera plus permise”.

(2) Voir le rapport effectué pour Traffic par Julia Ng and Nemora, Tiger Trade revisited in Sumatra, Indonesia, 2007. Voir aussi l’article de Sciences et Avenir, La triste fin du tigre de Sumatra.
(4) Voir l’article Return of ivory trade as Britain backs China, de Michael McCarthy and Colin Brown dans The Independent du 16 juillet 2008. Depuis juin 1997, le Bostwana et le Zimbabwe peuvent exporter leurs stocks d’ivoire vers le Japon. Voir aussi, en français, l’article du 14 octobre 2008 de l’IFAW, et la Radio des Nations Unies pour l’interview d’un représentant de la CITES.
(5) Claire Cambier dans Aujourd’hui la Chine.
(6) Voir le site de protection des animaux.
(7) “Le gavage, procédé qui permet de produire du foie gras, génère de grandes souffrances pour les oiseaux. Le foie gras est interdit pour motif de cruauté dans la plupart des pays de l’Union. Qu’est-ce que le foie gras, et comment est-il produit ? Le gavage consiste à enfoncer de force un tube de métal de 20 à 30 centimètres dans la gorge d’un canard ou d’une oie. Pour contraindre son corps à produire du foie gras, l’oiseau doit ingérer en quelques secondes une quantité de maïs telle que son foie finit par atteindre de 5 à 10 fois sa taille normale, et développe une maladie, la stéatose hépatique. Suite au choc du gavage, il est pris de halètements, de diarrhées, de vomissements. Plus d’un million d’oiseaux meurent chaque année en France des blessures et maladies du gavage (statistiques de la filière du foie gras) avant d’arriver à l’abattoir. Pour qu’ils ne puissent pas se débattre quand on leur empoigne le cou, la plupart des plus de 30 millions de canards gavés chaque année en France sont enfermés dans une cage si petite qu’ils ne peuvent pas se déplacer ni même se retourner. Le foie, devenu énorme, compresse leurs poumons et les rend haletants. Le passage de l’embuc provoque souvent des lésions ou des perforations de leur gosier. Peu de gens connaissant la réalité du gavage seraient prêts à infliger volontairement et consciemment de tels mauvais traitements à un oiseau pour un bout de foie gras un jour de fête…” (source : rebellyon.info). Voir l’article d’Yves Miserey dans le Figaro du 15-10-2007.
(8) Voir le dossier Ne mangez pas nos cuisses de l’association Stéphane Lamart.
Pour toute référence à cet article, merci de préciser : Laurent Dingli, “La Chine fléau du règne animal”, Le site de Laurent Dingli, juillet 2008.
Samedi 19 juillet 2008.
Dernière mise à jour : 29 juillet 2008.

Un éternel Treblinka

treblinkaCommentaire écrit en réaction à l’article le devoir d’indifférence, publié sur le blog de Philippe Bilger.

30 avril 2008

Nous nous interrogeons sur les sources de la violence, sur ce qui peut l’alimenter, notamment certains jeux vidéos. A ce sujet, il existe un domaine dont on parle encore peu, bien qu’il suscite de plus en plus l’intérêt du public : celui de la violence que nous faisons subir à l’animal. Dans un livre au titre provocateur “Un éternel Treblinka”, un universitaire américain, Patterson, a étudié le lien entre la violence que nous infligeons aux autres espèces et notre rapport général à la violence (je ne l’ai pas encore lu) ; cette thèse a été discutée récemment sur France Culture par des philosophes comme Elisabeth de Fontenay dont l’ouvrage Le silence des bêtes, paru il y a dix ans, est depuis lors une référence, sans parler du livre qu’elle a cosigné avec Alain Finkielkraut. En résumé, la thèse de Patterson est que la cruauté dont nous faisons preuve envers l’animal contribue, sinon détermine, notre violence en général. Un pas décisif a été franchi dans cette voie avec la taylorisation, et plus particulièrement, le fordisme. C’est d’ailleurs en observant un abattoir qu’Henry Ford a eu l’idée de sa célèbre méthode. La décomposition et la spécialisation des tâches en vue d’une efficacité et d’un rendement optimaux nous ont davantage éloignés de la réalité du vivant et de la souffrance des animaux. Le titre, bien sûr peut choquer, mais il prend un autre éclairage quand on sait qu’il est emprunté à Isaac Bashevis Singer. Des Juifs ont été d’ailleurs parmi les premiers à établir un parallèle, avec toutes les précautions qui s’imposent, entre ces deux exterminations de masse. Mme de Fontenay parle à ce sujet d’une véritable “obsession juive” d’après 1945 (Adorno, Horkheimer, Canetti, Gary). La philosophe quant à elle, émet d’importantes réserves sur la comparaison de Patterson, réserves que je partage pour l’essentiel. Comparaison n’est pas raison. Il n’en reste pas moins que, si l’on fait litière des positions et des amalgames les plus extrêmes, ce lien incite à la réflexion. Dès avant guerre, Alfred Döblin, un juif allemand, avait décrit avec beaucoup de force les abattoirs de Berlin.

Vous m’excuserez d’avoir poussé trop loin la digression et d’abuser ainsi de votre hospitalité.

Pour l’émission et les interventions de Florence Burgat, directrice de recherches à l’INRA et de Frédéric Gros, professeur à Paris XII consulter le site de France Culture.

Voir aussi le film bouleversant Notre pain quotidien de l’Autrichien N. Geyrhalter, sorti en mars sur les écrans, qui montre pour la première fois toute l’horreur de nos élevages industriels : La bande d’annonce et un autre extrait encore plus poignant sur youtube.

La torture des chiens se poursuit en Espagne

Certains d’entre vogalga10us connaissent sans doute déjà le sort abominable qui est réservé aux galgos en Espagne. Ces lévriers, utilisés pour la chasse aux lièvres ou pour les courses, terminent leur vie dans des souffrances indicibles. Les plus “chanceux” sont abattus d’une balle dans la tête ; mais les autres, tous les autres, ceux qui ont déplu à leurs maîtres, c’est-à-dire en moyenne dix mille chiens par an, sont atrocement mutilés, torturés avec une barbarie indescriptible, battus à mort, brûlés vifs, jetés dans des puits ou pendus à des arbres. Ce sont le genre de réalités qui, parmi bien d’autres, vous dégoûtent de porter le nom d’homme. La dernière mutilation à la mode en Espagne pour punir un chien qui s’est “mal comporté” – suivant les critères de leurs propriétaires sadiques – la mutilation de la truffe en forme de groin de cochon. Que fait l’Espagne ? Que fait l’Europe ?

Voici le texte poignant composé à ce sujet par Barbara Lefranc dans le bulletin des Lévriers. Il décrit l’horreur que les chasseurs espagnols font subir à leur chien :

© galgos.fr et SPA.

“Distraction espagnole

Emmène ton Galgo au fin fond de la campagne…
Sous l’oeil de tes ivrognes de potes, sans oublier ton gosse de 7 ans pour lui montrer comment on procède, organise une petite fête !
Pas de corde ?
Un fil de fer suffit !
Et là, bien à l’abri des regards, passe un noeud coulant autour de son cou !!!
Jette l’autre bout par-dessus une branche suffisamment haute et TIRE, tire, tire !
Mets y toute ton énergie.
Dégueule ta rage, jusqu’à ce que TON propre chien, que tu traites comme une merde, comme tous ceux qui l’ont précédé, soit soulevé de terre, se débattant, hurlant de terreur les premières secondes, tant qu’il a encore du souffle, puis faisant des efforts désespérés pour essayer de se dégager dès que ses pattes arrière frôlent le sol.
Car tu as bien fait attention à ce qu’il ne soit pas trop au-dessus du sol, il ne s’agirait par que son agonie soit trop rapide, c’est tellement plus drôle et c’est tout ce que mérite cette saleté de chien qui t’a tellement déshonoré en arrivant second de la course dans laquelle tu avais parié un peu d’argent…
Maintenant qu’il se balance
la langue pendante,
les yeux exorbités, regarde-le,
crache lui dessus
et rie,
RIE
à t’en coller un point de côté…
– CRÈVE, sale con de Galgo !!!
Rentre dormir tranquille, demain, tu iras lui chercher un remplaçant !”

(Publié dans le Bulletin des lévriers).galgo_2

Chien mutilé dont la truffe a été taillée en forme de groin.

© L’Europe des Lévriers

Liens : Vous pouvez adopter un chien martyr, signer la pétition et faire un don en contactant l’association L’Europe des lévriers. D’autres sites concernants la maltraitance des lévriers en Espagne : Adeo Animalis ; Asociacion Protectora de Animales del NorOeste de Tenerife (apanotenerife) ; Arco Natura de Linares ; l’Association pour l’aide et la défense des lévriers (Un ange pour les lévriers) ; Association animaux vraie ; l’Asociacon Protectora des Animales (chiripaina) ; le Colectivo Andaluz Contra el Maltrato Animal (CACMA) ; le European Greyhound Network (levrieri.net, en italien); Federacion de Protectoras de Extremadura (FEPAEX) ; Fédération de Lutte pour l’Abolition des Corridas (FLAC) ; galgos.fr. ; Galgos Espoir ; le site de sauvetage des lévriers espagnols (levriers.net) ; l’association de sauvetage des lévriers espagnols (Galgos France) ; Galgos Libres ; Asociacion Protectora de Animales Pintor Jose Maria Parraga (Protectoraanimalparraga) ; Pro-Galgo ; Sociedad Protectora de Animales de Cadiz (Refugio Kimba) ; Union Protectora y Defensora de Animales (UPRODEA) Valran. Consulter aussi la page sur les galgos de la SPA et celle des Los Verdes, le Parti des Verts espagnol. Voir aussi le reportage du 20h de TF1 sur le sujet. Vous retrouverez sur le blog de LN Verdier la liste des associations signataires de la Charte Galogos Ethique Europe (CGE).

Pour toute référence à ce texte, merci de préciser, Laurent Dingli, “La torture des chiens se poursuit en Espagne”, Le site de Laurent Dingli, septembre 2007.

2 septembre 2007. Dernière mise à jour des liens : 13 décembre 2009

Cruauté contre les animaux en Egypte

chiens_caire3De tous côtés me reviennent des récits d’actes de cruauté commis envers les animaux dans la République arabe d’Egypte. Il y a peu de temps, en mai 2007, une campagne d’extermination barbare des chiens du Caire était engagée. Les animaux, tués d’une seule balle (par souci d’économie) ou empoisonnés et abandonnés, souvent encore agonisant dans d’indicibles souffrances, pourrissaient en pleine rue, au milieu des immondices. Un autre touriste vient de me raconter que, l’année dernière, il avait vu avec horreur des animaux (vaches, ânes, etc.) attachés à des pieux jusqu’à ce que mort s’ensuive, près de son hôtel cairote. On lui a expliqué que, faute de moyens financiers, les propriétaires abandonnaient tout simplement leurs bêtes jusqu’à ce qu’elles meurent d’inanition et tombent dans le canal.

Photos de chiens massacrés dans les rues du Caire : association Stéphane Lamart.

Personne ne songe, bien entendu, à boycotter l’Egypte. Chacun sait que le tourisme est l’une des principales sources de revenus de ce chiens_caire4pays. Je connais l’Egypte et l’aime ; j’y ai vécu l’hospitalité de son peuple, et souvent celle des fellahin et des populations semi-nomades les plus misérables. Mais nous ne pouvons, nous ne devons pas nous y rendre avant d’avoir protesté contre de telles pratiques, de même qu’il ne fallait pas agir autrement quand les droits de l’homme les plus élémentaires y étaient bafoués (emprisonnement et condamnation à mort pour homosexualité, etc.). Le boycott est inutile car il ne fait qu’augmenter la pauvreté. Mais voyager en touriste béat, sans rien dire, c’est se rendre complice de ces actes inqualifiables. Certains vont sans doute rétorquer par le lieu commun habituel, l’éternel argument des insensibles et des paresseux : comment un pays où les enfants meurent de faim et fouillent les poubelles peut-il se préoccuper du sort des animaux ? Prendre en considération la détresse humaine et se soucier de la souffrance animale ne sont pas des démarches incompatibles, mais complémentaires. Ceux qui opposent constamment ces deux réalités, témoignent finalement d’un grand mépris pour la pauvreté en suggérant qu’elle exclut par essence toute forme de respect envers l’animal, ce qui est faux. Les chiens errants sont parfois extrêmement maltraités en Grèce et dans les Antilles françaises qui ne sont pas, jusqu’à nouvel ordre, des pays du tiers monde. De même, des nations émergentes ou développées comme la Chine, le Japon, le Canada, font preuve d’une grande cruauté envers les animaux sauvages, alors qu’elles protègent, pour certaines, leurs compagnons domestiques. Et l’on pourrait encore évoquer la pratique de la corrida ou le gavage des oies en France(1). Inversement, il existe des régions bien moins favorisées où les animaux ne vivent pas un calvaire. Il faut noter enfin que, dans les pays pauvres, la souffrance animale est plus manifeste que dans les pays riches où elle est souvent cachée (expérimentation, élevage industriel, etc.). L’équation pauvreté – maltraitance masque souvent une obsession anthropocentriste, comme je l’ai noté dans un autre article. Il n’en reste pas moins que les mauvais traitements et les tortures infligés aux animaux sont en Egypte, depuis trop longtemps, une pratique courante.

Liens : Vous pouvez obtenir plus d’informations (en Anglais) et signer une pétition en ligne sur le site de SPARE (Society for the protection of animal rights in Egypt). Vois aussi les informations de Louxor sur le Brooke Hospital Society for Animal – Luxor. Je rappelle que Brigitte Bardot a proposé son aide au gouvernement égyptien. Cela fait dix ans que la WSPA tente vainement d’arrêter le massacre des chiens de rue en Egypte. Etant l’importance du tourisme, une protestation croissante aurait des chances d’aboutir. Sur l’homme et l’animal, voir l’article que j’ai consacré à cette question et l’excellent texte, déjà cité, de Florence Burgat, philosophe et chercheur à l’Inserm, sur le site d’Arsitra (propos recueillis par Hervé Morin, article publié dans l’édition du 6 mai 2007).

(1) Pour autant, il existe peu de pays au monde où la mort d’un ours pouvait faire la une des journaux, comme ce fut le cas après la disparition de Cannelle ou de Franska. Préoccupation de pays riches ? Sans doute, mais nous devons nous réjouir de cette prise de conscience progressive, car elle influe sur la manière de considérer le vivant dans son ensemble, être humain compris ; Sur ce point, la Communauté européenne constitue un laboratoire de modernité. A suivre, une traduction du texte poignant d’Andrea qui a perdu ses deux compagnons dans les rues du Caire.

13 août 2007

Pour toute référence à ce texte, merci de préciser: Laurent Dingli, “Cruauté contre les animaux en Egypte”, Le site de Laurent Dingli, août 2007.

Lettre à M. Claude Laverdure, ambassadeur du Canada en France

Le 1er avril 2005

Votre Excellence,

Historien et écrivain, je me permets de vous écrire aujourd’hui car je suis profondément peiné d’assister depuis quelques années à l’augmentation du massacre des phoques dans plusieurs pays, dont le vôtre. C’est en ami sincère du Canada que je prends aujourd’hui la liberté de vous faire part de mes préoccupations sur cette question.

Ne voyez pas en moi, je vous en conjure, un quelconque donneur de leçons mais seulement un homme touché par la souffrance animale et la disparition alarmante de la biodiversité sur notre planète.

J’ai pu mesurer récemment quelques réactions de l’opinion publique canadienne sur le forum de Radio-Canada. Des intervenants ont eu des propos très durs à l’égard de Brigitte Bardot dont le franc-parler a pu choquer certains de vos compatriotes. Beaucoup conseillaient en outre aux Français de lutter contre l’abominable pratique du gavage des oies pour la consommation de foie gras plutôt que de donner des leçons aux Canadiens. D’autres soulignaient que les élevages intensifs, parce que moins spectaculaires, ne provoquaient pas un tel tollé dans le monde. Enfin, certains, répondant à la condamnation des Etats-Unis, lui opposaient la récente décision prise par le président Bush de dévaster l’Alaska pour y pratiquer des forages. Je voudrais répondre, si vous le permettez, à tous ces arguments que j’entends souvent employés dans plusieurs pays et à propos de situations tout à fait différentes. En ce qui concerne madame Brigitte Bardot, il me semble que la défense de l’environnement est une matière trop importante pour en faire une simple question de personne. De même, les petites susceptibilités nationales me paraissent tout aussi déplacées à l’heure où notre planète connaît une situation catastrophique. Lorsque je lutte en faveur de la protection de la nature, je ne le fais pas en tant que Français, mais en tant qu’habitant de cette terre dont je ne suis nullement le propriétaire, mais le simple usufruitier. Il m’arrive d’ailleurs souvent de critiquer mon pays et même d’avoir honte de sa politique à certains égards. Quant à cette façon d’opposer les différentes formes de maltraitance animale, elle me paraît tout aussi vaine et je n’ai pas attendu ce genre de réflexion pour dénoncer la déforestation, le trafic des espèces sauvages, la vivisection, le massacre des requins, etc.

Il est un autre argument souvent utilisé par les contempteurs de la cause écologique et que j’ai lu, entre autres, sur le forum de Radio-Canada. C’est celui opposant le bien-être de l’homme à celui des espèces animales. Récemment, lorsque la dernière ourse des Pyrénées a été abattue par un chasseur, j’ai entendu le philosophe Michel Serres écarter le sujet d’un revers de phrase en disant que chaque jour des enfants mouraient de faim et qu’en somme il ne fallait pas s’émouvoir pour si peu. Une espèce qui disparaît de notre planète en effet, quelle bagatelle ! Cette réaction me paraît aussi odieuse que simpliste ; je ne vois pas en quoi la préoccupation du monde animal et végétal empêche de se soucier du sort des êtres humains qui lui est d’ailleurs intiment lié. Si c’est pour arriver à de telles conclusions, je me demande à quoi sert toute la ” philosophie ” de ce monsieur. Je crois qu’il est temps de sortir de notre anthropocentrisme et du sentiment de toute-puissance qui équivalent désormais à un suicide. Enfin, ultime argument employé en faveur de la poursuite du massacre des phoques : ces animaux décimeraient les réserves de poissons, notamment de cabillauds. Faut-il vraiment souligner, Votre Excellence, l’obscénité d’un tel argument lorsqu’on sait que l’être humain est en train d’épuiser littéralement les fonds marins sur toutes les mers du globe ? Pour faire bonne mesure et prouver que je n’ai aucun chauvinisme, je prendrai en exemple le cas des chalutiers français qui rejettent parfois jusqu’à 90% de leur pêche en mer. Ce mépris de la vie est absolument scandaleux. Pouvons-nous accuser sérieusement ces pauvres phoques que l’on assomme à coups de gourdin d’être responsables de notre propre bêtise ? En vérité, le poisson en question (Gadus morhua) n’entre que pour 3% dans la consommation des phoques, et encore, à certaines périodes de l’année. Je ne reviendrai pas non plus longuement sur les contre-vérités débitées par M. David Bevan au nom du Ministère canadien des Pêches et Océans dans sa déclaration au National Post du 7 janvier dernier, ou sur la désinformation orchestrée par le ministre fédéral Geoff Regan ; je renvoie sur cette question au rapport 2005 de l’IFAW. Je terminerai, Votre Excellence, en évoquant la possibilité de ne pas avoir uniquement une vision utilitaire du Vivant et de pouvoir réagir gratuitement, par pure humanité. Le spectacle de ces animaux hurlant, sans défense devant le gourdin ou le pic à glace de leurs assassins, la vision de ces bébés phoques souvent dépecés encore vivant et qui gémissent vainement près de leur mère sur la banquise ensanglantée, est insupportable.

L’année dernière plus de 360 000 phoques ont été ainsi massacrés et le quota en destine près d’un million a être tué sur trois ans uniquement au Canada. Il ne prend évidemment pas en compte les tueries organisées par les Russes aux larges des Mers Blanche et de Barentz ou dans d’autres partie du monde. Jusqu’à quand allons-nous continuer ? Toutes les personnes dont l’esprit critique n’a pas été anesthésié savent que c’est pour des raisons uniquement financières et non pour une prétendue volonté de réguler des espèces que ces inqualifiables boucheries sont perpétrées. Vous savez mieux que moi, Monsieur l’Ambassadeur, à quel prix se monnaye le phoque sur le marché asiatique et comment la fourrure est encore utilisée en Europe comme simple produit de luxe. La population des phoques est déjà très fragilisée par le réchauffement climatique ; le taux de reproduction et la survie des petits s’en ressent gravement.

Je suis persuadé, Votre Excellence, que vous partagez mes préoccupations et que vous aurez l’amabilité de transmettre mes courtoises protestations à votre gouvernement.

J’envoie des copies de cette lettre au gouvernement français, aux différentes associations de protection de l’environnement, à la presse ainsi qu’aux ambassadeurs dont les pays sont concernés.

En vous remerciant à l’avance, pour l’intérêt que vous voudrez bien porter à ma démarche,

Veuillez agréer, Votre Excellence, l’assurance de ma haute considération

Laurent Dingli

L’ourse Cannelle et le président Bush

ferusLa mort d’une ourse dans les Pyrénées, quelle importance cela peut-il avoir ? La disparition, celle d’un animal sauvage, ce n’est rien, à peine un fait divers, une anecdote, une brève, deux lignes, trois images perdues dans un flot d’informations. Des animaux, il en meurt des millions chaque jour. On les transforme en steaks, en poissons panés, ils sont élevés en batterie, gavés de médicaments pour être plus gros, plus vite ; ils souffrent en silence ; ils sont entassés, engraissés, resserrés dans des cages de fer ou dans la chaleur étouffante de camions insalubres. Les vaches que nous avons rendu cannibales et les poulets qui pataugent dans les cadavres et les excréments sont abattus par millions. Et puis les hommes sont plus importants que les animaux. Ils meurent aussi, en Irak, au Soudan, au Pakistan, en Israël, en Palestine ; ils sont victimes de la guerre, de la faim, de la misère, des inondations, du sida et, le plus souvent, de leur incommensurable bêtise. Alors, une femelle ourse, c’est peut-être triste, mais l’on ne va tout de même pas s’attendrir pour si peu. Cette sensiblerie inopportune devient d’ailleurs consternante.

© Ferus

Quel rapport entre l’ourse Cannelle, cet animal abattu par un chasseur dans une montagne entre la France et l’Espagne, et l’élection américaine ? L’ourse Cannelle et George W. Bush, une blague ? le bon mot d’un journaliste ? la comparaison assez ridicule d’un écolo fanatique, ancien maoïste recyclé dans l’arrachage des OGM et l’anti-nucléaire ? D’un côté, la dépouille d’une bête transportée par hélicoptère, un petit ourson resté seul qui appelle sa mère ; de l’autre, le sort du pays le plus puissant du monde, et donc celui de la planète elle-même. Le rapport bon Dieu !

La mort de Cannelle est un drame à bien des égards. C’est tout d’abord celui de la disparition d’une simple existence, qu’elle soit libre ou non, domestique ou sauvage, humaine ou animale ; c’est l’ignoble résultat du geste inqualifiable d’un chasseur, d’un homme qui a préféré éliminer une vie, gratuitement, pour son simple plaisir, en raison du sens étriqué qu’il donne au mot tradition, ou plutôt du fait de son incapacité à observer la différence, à la respecter, à l’admirer, un homme sûr de ses valeurs, qui n’a rien apprendre, rien à comprendre. Je le vois avec son fusil, ses certitudes et son arrogance. Lui aussi a décrété que son mode de vie n’était pas négociable ; il parle fort, il menace, il tonne, il casse ; il tue des animaux et parfois des hommes, des ours et des promeneurs. Il ne savait pas ; il n’a pas fait exprès ; le coup est parti tout seul ; il avait vu une forme noire, menaçante ; il avait bu ou il était sobre, il s’était mis, lui-même, en danger ; il n’a pas eu le choix ; la légitime défense, vous comprenez… l’argument suprême des sots, de tous ceux qui se croient constamment cernés, attaqués de toutes parts, ceux qui se protègent de leur ombre avec leur tradition, leur bible et leur fusil.

La tradition ? Derrière ce justificatif absolu se tient, à peine dissimulé et déjà triomphant, le bel alibi général de la destruction de masse et de la souffrance humaine ou animale. Les Espagnols et quelques Français du Sud-Ouest massacrent des taureaux dans des arènes remplis d’imbéciles pour préserver leur tradition ; les Japonais mangent des baleines par tradition ; les Chinois croient se soigner avec des extraits de pénis de tigres, de la bile d’ours ou de cornes de rhinocéros, par tradition ; les Chinois encore s’alimentent de singes ou de chiens qu’ils battent à mort pour rendre leur chair plus tendre, toujours par tradition. Les Danois des îles Féroé organisent des massacres de dauphins parce que telle est encore leur tradition… Et les cow-boys du Texas ou de l’Oklahoma, qui se promènent avachis, obèses et superbes dans leur 4X4, exhibent leur progéniture déjà armé du ” rifle ” national, parce que telle est leur tradition. Ailleurs, des barbus, drapés de leurs linceuls, jubilent à la désintégration des corps et appellent au jihad au nom de leur prétendue tradition. Et des grands-mères africaines mutilent le corps de leurs petites filles car telle est, encore et toujours, leur tradition. Et des Indiens, des Pakistanais, brûlent le visage de leurs femmes au vitriol car tel est le droit de vie et de mort que leur octroie leur sordide, leur immonde, leur détestable tradition. Que l’on ne me parle plus jamais de tradition.

Tuer un animal aussi beau, aussi majestueux qu’un tigre parce qu’un Chinois ventripotent et quinquagénaire croit pouvoir mieux bander. Ravager la forêt primaire et toute ses richesses uniquement parce qu’un Français, un Espagnol ou un Anglais, veut avoir sa petite table exotique, achetée à bas prix dans un supermarché. Dieu que ce monde est laid.

On peut déplorer la mort d’un animal, sans autre raison précise que la fascination et le respect de la vie, parce qu’on imagine, sans avoir toutefois besoin de larmoyer, une bête isolée, s’acharnant encore à survivre avant le coup fatal.

La mort de Cannelle est aussi un drame parce qu’elle était la dernière représentante de sa sous-espèce, l’ours des Pyrénées. Il n’y en aura plus jamais. Cette aventure qui a commencé il y a des millions d’années est définitivement et irrémédiablement terminée, parce qu’un type s’ennuyait le dimanche, parce qu’il se sentait bien avec son fusil entre les jambes. Cela aussi, qu’importe après tout ! Une espèce de plus ou de moins.

Une de mes relations m’a dit un jour à propos de la disparition vertigineuse des espèces végétales et animales sur notre planète. ” Après tout, il y en a eu autant lors de la disparition des dinosaures “. Bien, tout était dit. Comment argumenter ? Pourquoi faut-il encore expliquer la richesse et l’apport irremplaçable que représente pour nous la diversité du vivant, sa beauté, sa nécessité. Et puis, il y a la gratuité du geste, du respect, l’offrande sans raison ni mobile, juste pour le plaisir de l’émerveillement. Il faut rappeler la nécessité de l’indulgence avec humilité, sans se transformer en donneur de leçons, sans nourrir une peur obsessionnelle de la mort, sans oublier que l’extinction des espèces est inscrite, comme celle de toutes formes de vie, dans le rythme de la nature ; mais l’on peut tenter un geste seulement pour dire que l’on est triste de voir cette beauté disparaître, surtout lorsqu’on aurait pu l’empêcher ou plutôt que l’on aurait été en mesure de ne pas la provoquer.

Aujourd’hui, j’entends dire par certains observateurs, politiques ou autres, que Bush ou Kerry, cela revient finalement au même. Non, cela ne revient pas au même. Tout n’est pas équivalent, tout n’est pas indifférent. Un homme qui, après avoir tué d’autres hommes et avoir lui-même été blessé au combat, condamne la guerre comme injuste, ne ressemble pas à celui qui ne se pose aucune question et s’enorgueillit du désastre humain dans lequel il s’est fourvoyé ; celui qui milite pour arrêter une boucherie comme la guerre du Vietnam, ne ressemble pas à celui qui la provoque, l’entretient ou la justifie. Celui qui, patriote, dénonce pourtant courageusement les errances de son propre pays, celui qui, en pleine conscience et après avoir accompli son devoir, assume ce véritable déchirement intérieur, n’évoque en rien le garde national, le couard qui, planqué à l’arrière, loin du front, flatte les plus bas instincts de ses compatriotes. Caricatural. Peut-être, mais parfois l’abus de nuances nuit à la vérité. Et aujourd’hui, je suis à la fois triste et en colère.

Kerry ce n’était sans doute pas un bouleversement, ni le paradis sur terre ; seulement un espoir de changement, celui de voir peut-être signer enfin le protocole de Kyoto par la nation la plus polluante du monde ; l’espoir de trouver une issue à la guerre d’Irak, de ne plus voir des enfants sans bras et des hommes sans têtes, celui de choisir le dialogue au ” non négociable “, la pensée à la bible et au fusil, l’ouverture au repli identitaire, la remise en cause à la confrontation manichéenne.

De même, tolérer un ours ou un loup sur notre belle terre de France, c’eût été montré que l’homme aussi est encore capable de s’adapter, comme l’animal, trop souvent victime de notre avidité, de notre arrogance, de notre cruauté et de notre bêtise ; c’eût été croire que deux espèces avaient une possibilité de coexister, en se respectant, chacune dans son espace. Mais, en ce début novembre, une fois encore, l’espoir a été tué.

Mais espérer encore.

3 novembre 2004

Pour toute référence à ce texte, merci de préciser : Laurent Dingli, L’ourse Cannelle et le président Bush, Le site de Laurent Dingli, novembre 2004.