Paris Normandie, 16 novembre 2004, par Paul Martin

Robespierre sur le divan

La Révolution française est une longue suites de luttes contradictoires pour ne pas dire absurdes. Elle se dévore elle-même, Mirabeau dénonçant l’Ancien Régime avant d’être dénoncé par Barnave, lequel est dénoncé par Brissot que dénonce Desmoulins que Robespierre à son tour envoie à la guillotine avant d’être guillotiné lui-même.

Une immense paranoïa collective. Mais seulement cela. Laurent Dingli s’attache à une relecture de la vie de Robespierre et s’intéresse particulièrement à l’univers mental du révolutionnaire, à partir de sa prime jeunesse et ses débuts d’avocat à Arras, jusqu’à ses discours lors de la Terreur, dont il décortique les mécanismes et les références liées au vécu du tribun au sujet duquel il apporte de nouvelles pièces, fruits de ses recherches d’historien.

Il dessine un portrait intellectuel et moral sans répit pour Maximilien Robespierre. Celui du persécuteur persécuté, d’un homme obsédé par ses chimères, d’un paranoïaque du complot dans une course effrénée à la recherche d’un idéal de pureté, oubliant parfois ses scrupules. Son but, occultant tolérance et pitié, , c’est l’élimination des « ennemis du peuple ». C’est-à-dire « ses » ennemis à lui, obstacles à « sa » Révolution, une révolution pour le peuple et uniquement pour lui. Sans état d’âme, avec détermination, mais sans haine.

Pour Robespierre le postulat est évident: on ne peux (sic) faire la révolution sans éliminer les tenants de l’ordre ancien, responsables de tous les maux de la France d’alors (faillite économique, inégalités, absence d’idées et de décisions, pas d’initiative, récupération du travail des autres.).

Repenser l’Incorruptible

Les mutations sociales, la réaction de l’homme face aux bouleversements, l’idée reliieuse, le désarroi collectif, c’est aussi par ce biais que Laurent Dingli repense Robespierre.

Il résulte de cette analyse quasiment psychanalytique, et d’un grand niveau, un regard différent sur ce personnage incontournable de la Révolution: un géant ? Un visionnaire ? Un défenseur du Peuple ? Ou l’un des premiers grands criminels contre l’Humanité ? Dingli ne donne pas une réponse définitive, mais nous aide, par l’apport de nouvelles pièces au dossier, à décrypter ce personnage complexe, inquiétant, secret et parfois paradoxalement. attachant, brillant et désintéressé.

Paul Martin