Challenges, octobre 2000, par P. L.

Scoop : Louis Renault n’était pas un collabo !

C’est inscrit dans la mémoire collective : fondateur d’une puissante industrie automobile, Louis Renault a subi la nationalisation de son empire à la Libération parce qu’il avait collaboré avec l’ennemi. La biographie de Laurent Dingli renverse cette perspective. Selon lui, Renault n’aurait jamais été un collabo, mais il aurait été délibérément sali par des personnalités qui voulaient s’acheter ainsi une bonne conduite. L’historien rappelle que, en juin 1940, Louis Renault est à New-York pour étudier comment construire aux Etats-Unis un char français à 100%. En son absence, les Allemands réquisitionnent ses usines où le travail avait cessé. Les communistes (nous sommes en plein pacte germano-soviétique) écrivent que “devant la carence et le mauvais vouloir des capitalistes, les ouvriers ont le devoir d’agir, de procéder à l’ouverture des usines et de les faire fonctionner”. Ils le feront sans la présence des patrons, se soumettant de fait aux prétentions allemandes. Mais, à la Libération, le PCF accusera Renault d’être rentré pour mettre ses usines à la disposition de l’occupant ! L’industriel est innocent de la collaboration de Renault… Les coupables sont à Vichy et au PCF. Pourquoi la famille de l’industriel a-t-elle été condamnée ? “Pour justifier la mainmise de l’Etat sur l’une des plus grandes entreprises de France, explique l’auteur. Il faut à tout prix que son ancien propriétaire, décédé en prison, apparaisse comme un vil collaborateur.”