Alex Hershaft, co-fondateur du Farm Animal Rights Movement sur le lien entre Shoah et condition animale

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“J’ai passé mon enfance dans le ghetto de Varsovie, où la quasi totalité de ma famille a péri, massacrée par les Nazis, en même temps que 350 000 autres Juifs polonais.
Les gens me demandent parfois si cette expérience génocidaire a quelque chose à voir avec mon travail pour les Animaux. Je réponds que oui. Mon histoire, mon expérience du massacre des Juifs ont eu tout à voir avec mon travail pour les Animaux.
“Plus jamais ça”. C’était, pour nous, un acte de foi. Un acte de foi de croire que notre sacrifice ne serait pas vain, que le monde serait tellement choqué par ce que l’on nous avait fait qu’il ne permettrait jamais que de telles atrocités soient à nouveau commises, se reproduisent un jour.
En 1975, lorsque j’ai émigré aux Etats-Unis, j’ai visité un abattoir. J’y ai vu des Animaux terrorisés, maltraités, soumis à d’atroces, d’horribles conditions de détention, tandis qu’ils attendaient leur mort. Tout comme les membres de ma famille assassinée dans le camp d’extermination de Treblinka. J’ai vu la même routine, la même routine de tuerie, efficace et impassible, la même qu’à Treblinka. J’ai vu des tas de coeurs, de sabots, d’entrailles, de “déchets” animaux, toutes les parties du corps “inexploitables”, soigneusement empilées, comme les tas de cheveux, de lunettes, de chaussures des Juifs, dans les camps.
Je me souviens de cette citation du célèbre écrivain yiddish Isaac B. Singer : “Pour les Animaux, tous les humains sont des Nazis. Et leur vie est un éternel Treblinka.” Et j’ai compris. Je me suis dit : “Plus jamais ça”. “Plus jamais ça” signifie ne plus JAMAIS commettre de telles violences, de telles infamies, massives, à l’égard d’autres êtres vivants. “Plus jamais ça” signifie ne plus JAMAIS élever les Animaux pour se nourrir ou pour n’importe quelle autre forme d’exploitation. C’est à ce moment-là, précis, que je suis devenu activiste pour le droit des Animaux.”

Alex Hershaft, co-fondateur et président de l'”ASBL Farm Animal Rights Movement” (USA)

Je remercie Nouchka Galili de m’avoir fait découvrir ce texte