Entreprises dans la tourmente – Renault, Peugeot (1936-1940), PUFR, 2018
« Mai 1936 – Juin 1940 : rarement l’industrie française aura traversé une période aussi tumultueuse qu’au cours des années qui séparent la victoire du Front populaire de » l’étrange défaite « . Pendant ces quatre années, les entreprises vécurent au rythme haletant des conflits politiques et sociaux, de la modernisation des usines, des grèves et des impératifs de la défense nationale. A travers le cas de deux grandes sociétés automobiles – Renault et Peugeot –, cet ouvrage d’histoire sociale et industrielle évoque la manière dont les entreprises françaises ont tenté de s’adapter aux réformes de 1936 tout en forgeant l’outil industriel capable de riposter à une agression nazie.
En abordant l’évolution de la condition ouvrière, les grands mouvements sociaux, le défi des quarante heures, la production d’armement et l’organisation de l’industrie de guerre, Laurent Dingli retrace l’histoire des deux entreprises de l’avènement du Front populaire à la défaite militaire de juin 1940 ».
Laurent Dingli, Entreprises dans la tourmente – Renault, Peugeot (1936-1940), Presses universitaires François Rabelais de Tours, 2018
Dans l’ombre des Lumières, Paris, Flammarion, 2010, 604 p.
« – Vous avez raison, le comte de Saint-Amant possède beaucoup d’ascendant sur les autres bagnards. Moi-même, en trente ans de carrière, je n’ai jamais rien vu de tel.
– Mais alors, pourriez-vous me dévoiler l’identité de cet homme.
– L’histoire est tellement surprenante qu’il me faudrait des heures pour en reconstituer tous les détails.
Les deux hommes s’installèrent dans la petite pièce attenante au salon. Le valet leur servit du cognac pendant que Saint-Gilles se pelotonnait dans un fauteuil, les oreilles dressées, les yeux grands ouverts.
– Saint-Amant. Monsieur le comte de Saint-Amant. répéta le commissaire en expirant de larges bouffées de tabac, l’affaire est incroyable en effet. Elle défraya la chronique il y a bientôt dix ans. A cette époque vous étiez trop jeune. Si je n’avais lu moi-même toutes les minutes du procès, j’aurais cru à quelques scènes de roman. Et pourtant. »
Au mois d’août 1825, un aristocrate philanthrope, André de Saint-Gilles, visite pour la première fois le bagne de Brest. Il y découvre un vieux forçat que les autres prisonniers entourent avec respect. Qui est cet homme étrange qu’on appelle le comte de Saint-Amant ? Un roi des gueux, un voleur, un assassin ? Il faut remonter trente-six ans plus tôt, en 1789, pour découvrir la clef de l’énigme. Ce roman n’est pas seulement une fresque sur la Révolution française, mais avant tout une rencontre avec le Mal.
Une pureté sans nom, Paris, Flammarion, 2007, 639 p.
« Moi, docteur Maximilian Gruber, né à Munich, le 6 décembre 1904, indifférent à la politique, mais encore épris d’un bel idéal, j’ai contribué modestement à forger l’arme qui allait un jour endeuiller l’humanité. Pendant des années, je me suis rabattu sur les principaux coupables de ce drame, moi qui me croyais innocent comme l’agneau à la tétée… Mais laissons un moment les grands criminels, mon fils, les Hitler, les Staline, les Goebbels, non, celui qui m’intéresse aujourd’hui, c’est lui, l’homme qui est caché dans la foule, qui acclame et qui crie, lui l’anonyme dont le corps modeste, joint à celui des autres, fait masse, lui l’instrument indispensable, lui qui dira plus tard qu’il était là par hasard, qu’il ne savait pas, qu’il avait mal au ventre ou qu’il était triste, lui qui, peut-être, n’était pas d’accord mais ne l’a jamais crié. Il était là, sur la photo, au milieu de cette boue, c’était moi, c’était nous, les irresponsables ».
– Le portait est remarquable de pénétration… On approche ici de près ce qu’on a pu appeler l’exceptionnalité du nazisme, Jean-Claude Lebrun, L’Humanité du 4/1/2007.
– Une pureté sans nom fait partie des livres que l’on renferme le souffle coupé et cette énigme vissée à l’esprit : aurions-nous eu notre place sur la photo des anonymes coupables ?, Ellen Salvi, Zone Littéraire.
A Nameless Purity by Laurent Dingli
The book
“I, Dr Maximilien Gruber, born in Munich on 6 December 1904, indifferent to politics but still enamoured of a beautiful ideal, made a modest contribution to history by forging the weapon that would one day bring humanity to grief. […] For years I blamed the principal guilty parties of this drama, I who considered myself as innocent as a suckling lamb… But let us leave aside for the moment the great criminals, my son, the Hitlers, the Stalins, the Berias, the Goebbels. No, the man who interests me today is the man hidden in the crowd who applauded and shouted, the anonymous man with the modest frame. Joined to the modest frames of others, he became part of a mass, an indispensable instrument, yet he would later say that he was there by accident, that he did not know, that he had a stomach-ache or was sad, this man who, perhaps, did not agree but never protested. He was there on the photo, in the middle of this sludge: it was I, it was we, the irresponsible ones. » In January 1969, Berliner Maximilien Gruber addresses a long letter to his son to explain to him his story and that of Germany; in doing so he thinks that he will relieve the weight that burdens his generation. A veritable fresco unfolds before us as he brings to life a multitude of characters, strong and aggressive, swept up in the torment of the Great War, the Spartacist Revolution, Weimar, the crisis and the rise of Nazism. This letter is a great novel, a tale of adventure but also a meditation on the origin of chaos and the human condition. It is above all a message of hope addressed to a son by a father at the end of his life.
The author
Laurent Dingli, a doctor in History, has already published, with Perrin Colbert, Marquis de Seignelay, and, with Flammarion, biographies on Louis Renault and Robespierre. Une pureté sans nom is his first novel. (source : Flammarion Foreign rights)
Biographies
Robespierre, Paris, Flammarion, 2004, 606 p.
« Le Géant de la Révolution, le Visionnaire, le Défenseur du Peuple et de la Constitution… Non ! L’un des premiers grands criminels contre l’Humanité, le paranoïaque organisateur de la Terreur, le politicien froid, sanguinaire et sans âme… ce Janus, a enjambé un précipice entre deux fantasmagories. Mais qui est Robespierre ? Où le trouver ? Au sommet du panthéon ou dans les tréfonds de l’égout ? L’image de Robespierre est brouillée car trop souvent décrite à l’aune des combats présents. Il est du XVIIIème siècle agonisant, avec sa perruque poudrée et son habit élégant de petit marquis, son mélange inimitable d’archaïsme et de modernité. Cette grande biographie nous emporte d’Arras jusqu’aux Etats généraux, puis de la Convention à l’échafaud. On ne se lasse pas de faire ce voyage dans les convulsions de Paris, sous les cris de l’émeute, au milieu des violences inouïes, des fêtes, des discours, des rêveries patriotiques, dans ce monde écartelé entre le génie des Droits de l’Homme et les charniers de la Vendée. La passion n’est pas seulement dans la truculence des événements, dans la grande fresque historique. La réflexion déborde du cadre de la biographie pour explorer les mouvements de fond : les mutations sociales, la réaction de l’homme face au bouleversement de la modernité, l’idée religieuse, le désarroi collectif devant la mort. C’est aussi par ce biais qu’il faut repenser Robespierre. L’union de l’Histoire et de la psychologie collective permet de porter désormais un autre regard sur la Révolution française et d’expliquer l’étonnante rencontre entre la France et Robespierre ».
– A propos de Robespierre sur lequel on dit tout et n’importe quoi, on ne recommandera jamais assez la lecture de l’excellente biographie de Laurent Dingli, un travail remarquable écrit d’une plume épatante, aux éditions Flammarion, Franz-Olivier Giesbert, éditorial, Le Point, 19 octobre 2017.
Louis Renault, Paris, Flammarion, 2000, 679 p.
– Prix des Libraires de Normandie
– Prix Histoire de la Ville de Courbevoie
« Le 23 septembre 1944, Louis Renault est incarcéré à Fresnes sous l’inculpation de trahison. Un mois plus tard, il décède dans des conditions mystérieuses et ses biens sont confisqués par décision du général de Gaulle. Pour la première fois dans un Etat de droit, un homme est condamné à titre posthume, sans débat, sans preuves, sans jugement. Mais qui est Louis Renault ? Le grand patron égoïste, « saigneur » et « forban » de Billancourt ? Le constructeur de génie, soucieux du bien-être de ses ouvriers et de l’intérêt national ? Découvrir Louis Renault ce n’est pas seulement décortiquer une légende et se pencher sur les heures noires de l’Occupation. C’est aussi retracer une aventure exceptionnelle, se projeter en 1900 et participer aux premières courses automobiles. C’est créer une grande entreprise, s’implanter à Londres, New York, Moscou et Tokyo, se mesurer à André Citroën, rencontrer Henry Ford et Frederik Taylor. C’est traverser le cataclysme de la Grande Guerre, voir partir les taxis de la Marne, créer le char de la victoire. C’est se lier d’amitié avec Albert Thomas et Aristide Briand, affronter les grèves, imaginer la sécurité sociale et devenir l’un des pères des allocations familiales. C’est encore moderniser l’automobile, l’agriculture, les chemins de fer et l’aviation, soutenir l’Aéropostale, travailler avec Breguet et Farman, donner des ailes à Mermoz et Saint-Exupéry, préparer la 4 CV. C’est enfin diriger une usine de 35000 personnes, surmonter la crise économique mondiale, s’adapter au Front populaire et servir la défense nationale. Grâce à des archives inédites, cette biographie ébranle pour la première fois la vérité officielle sur la période de l’Occupation et brosse le portrait d’un personnage haut en couleurs, obstiné et autoritaire, mais aussi secret et sensible. Une figure emblématique qui demeure aujourd’hui encore, l’une des plus controversée de l’histoire contemporaine ».
Colbert, marquis de Seignelay, préface de Jean Meyer, Paris, Perrin, 1997, 393 p.
Contrastant avec l’ascension progressive et tenace de Colbert, la précoce, fulgurante et brève carrière de son fils aîné, Jean-Baptiste, marquis de Seignelay (1651-1690) a fasciné ses contemporains. Selon Voltaire, son « génie était encore plus vaste que celui de son père ». Il a suscité l’admiration ou l’envie des courtisans, jamais leur indifférence. Seignelay est pourtant absent de la mémoire collective tant la notoriété de son père est écrasante. Cette première biographie révélera au public la diversité de son oeuvre. Elève surdoué qui, à seize ans, provoque la jalousie de Louis XIV, il commence à vingt ans à réformer la Royale et son père l’initie à toutes ses charges. A trente-deux ans, il est secrétaire d’Etat à la Marine (ce qui inclut le gouvernement du littoral, le commerce extérieur et les colonies) et secrétaire d’Etat à la Maison du Roi. A ce dernier titre, il est en charge de tout ce qui concerne Paris et l’Île-de-France, les affaires religieuses, l’administration de la Cour, des cérémonies, des résidences royales, l’octroi des charges, des pensions et des emplois ; il est en outre gérant du décorum louisquatorzien et de l’éclat personnel du roi, d’où une intimité quotidienne avec celui-ci. Etudier Seignelay, c’est évoquer la réorganisation de la Royale, le développement des Antilles et le commerce des Indes ; la sécurité, la police et les moeurs à Paris ; la politique à l’égard des protestants à l’heure de la Révocation ; c’est débarquer avec les marchands, les officiers et les Jésuites dans le royaume de Siam ; c’est étudier une page du Grand Siècle avec ses grandeurs et ses petitesses, ses Jean Bart et ses Galériens. Marquis de fraîche date remarié à une cousine de Louis XIV, il est jalousé mais courtisé car de ses bonnes grâces dépendent les libéralités du roi. Ami de Racine et de La Fontaine, Seignelay est un personnage flamboyant, tout en étant un travailleur acharné. En 1690, quelques mois avant sa mort, à trente-neuf ans, pour la première fois de notre histoire, l’armée navale du roi parvient à vaincre une flotte anglaise et hollandaise la plus puissante du temps. C’est la victoire de l’étonnant marquis.