Cruauté contre les animaux en Egypte

chiens_caire3De tous côtés me reviennent des récits d’actes de cruauté commis envers les animaux dans la République arabe d’Egypte. Il y a peu de temps, en mai 2007, une campagne d’extermination barbare des chiens du Caire était engagée. Les animaux, tués d’une seule balle (par souci d’économie) ou empoisonnés et abandonnés, souvent encore agonisant dans d’indicibles souffrances, pourrissaient en pleine rue, au milieu des immondices. Un autre touriste vient de me raconter que, l’année dernière, il avait vu avec horreur des animaux (vaches, ânes, etc.) attachés à des pieux jusqu’à ce que mort s’ensuive, près de son hôtel cairote. On lui a expliqué que, faute de moyens financiers, les propriétaires abandonnaient tout simplement leurs bêtes jusqu’à ce qu’elles meurent d’inanition et tombent dans le canal.

Photos de chiens massacrés dans les rues du Caire : association Stéphane Lamart.

Personne ne songe, bien entendu, à boycotter l’Egypte. Chacun sait que le tourisme est l’une des principales sources de revenus de ce chiens_caire4pays. Je connais l’Egypte et l’aime ; j’y ai vécu l’hospitalité de son peuple, et souvent celle des fellahin et des populations semi-nomades les plus misérables. Mais nous ne pouvons, nous ne devons pas nous y rendre avant d’avoir protesté contre de telles pratiques, de même qu’il ne fallait pas agir autrement quand les droits de l’homme les plus élémentaires y étaient bafoués (emprisonnement et condamnation à mort pour homosexualité, etc.). Le boycott est inutile car il ne fait qu’augmenter la pauvreté. Mais voyager en touriste béat, sans rien dire, c’est se rendre complice de ces actes inqualifiables. Certains vont sans doute rétorquer par le lieu commun habituel, l’éternel argument des insensibles et des paresseux : comment un pays où les enfants meurent de faim et fouillent les poubelles peut-il se préoccuper du sort des animaux ? Prendre en considération la détresse humaine et se soucier de la souffrance animale ne sont pas des démarches incompatibles, mais complémentaires. Ceux qui opposent constamment ces deux réalités, témoignent finalement d’un grand mépris pour la pauvreté en suggérant qu’elle exclut par essence toute forme de respect envers l’animal, ce qui est faux. Les chiens errants sont parfois extrêmement maltraités en Grèce et dans les Antilles françaises qui ne sont pas, jusqu’à nouvel ordre, des pays du tiers monde. De même, des nations émergentes ou développées comme la Chine, le Japon, le Canada, font preuve d’une grande cruauté envers les animaux sauvages, alors qu’elles protègent, pour certaines, leurs compagnons domestiques. Et l’on pourrait encore évoquer la pratique de la corrida ou le gavage des oies en France(1). Inversement, il existe des régions bien moins favorisées où les animaux ne vivent pas un calvaire. Il faut noter enfin que, dans les pays pauvres, la souffrance animale est plus manifeste que dans les pays riches où elle est souvent cachée (expérimentation, élevage industriel, etc.). L’équation pauvreté – maltraitance masque souvent une obsession anthropocentriste, comme je l’ai noté dans un autre article. Il n’en reste pas moins que les mauvais traitements et les tortures infligés aux animaux sont en Egypte, depuis trop longtemps, une pratique courante.

Liens : Vous pouvez obtenir plus d’informations (en Anglais) et signer une pétition en ligne sur le site de SPARE (Society for the protection of animal rights in Egypt). Vois aussi les informations de Louxor sur le Brooke Hospital Society for Animal – Luxor. Je rappelle que Brigitte Bardot a proposé son aide au gouvernement égyptien. Cela fait dix ans que la WSPA tente vainement d’arrêter le massacre des chiens de rue en Egypte. Etant l’importance du tourisme, une protestation croissante aurait des chances d’aboutir. Sur l’homme et l’animal, voir l’article que j’ai consacré à cette question et l’excellent texte, déjà cité, de Florence Burgat, philosophe et chercheur à l’Inserm, sur le site d’Arsitra (propos recueillis par Hervé Morin, article publié dans l’édition du 6 mai 2007).

(1) Pour autant, il existe peu de pays au monde où la mort d’un ours pouvait faire la une des journaux, comme ce fut le cas après la disparition de Cannelle ou de Franska. Préoccupation de pays riches ? Sans doute, mais nous devons nous réjouir de cette prise de conscience progressive, car elle influe sur la manière de considérer le vivant dans son ensemble, être humain compris ; Sur ce point, la Communauté européenne constitue un laboratoire de modernité. A suivre, une traduction du texte poignant d’Andrea qui a perdu ses deux compagnons dans les rues du Caire.

13 août 2007

Pour toute référence à ce texte, merci de préciser: Laurent Dingli, “Cruauté contre les animaux en Egypte”, Le site de Laurent Dingli, août 2007.