Une pureté sans nom
de Laurent Dingli
Flammarion, 640 p.
Cette lettre d’un père à son fils, rédigée en 1969, retrace la vie d’un Allemand des plus communs au premier quart du XXème siècle. D’abord en Bavière, puis à Berlin avant l’Occupation à Paris ou en Ukraine: l’arrière pendant la Grande Guerre, la défaite, les années folles façon Cabaret, la montée du nazisme, les autodafés, la Nuit de cristal, les massacres sur le front de l’Est. A l’époque, le narrateur s’est laissé porter par les événements et le conformisme, même si son récit implique un retour sur soi et un jugement angoissé. Si on peut regretter qu’en dehors de la vie privée il ne soit guère question que d’événements, d’oeuvres, de films retenus par la postérité, et si une reconstitution ne peut valoir un témoignage direct, cet ouvrage à la tonalité souvent poignante fait pourtant s’interroger. D’abord sur les responsabilités des citoyens ordinaires, et pourquoi pas sur celles du lecteur, s’il avait vécu dans un tel pays, dans un contexte troublé.