Portrait d’auteur… Laurent Dingli
Ce mois-ci, notre reporter a rencontré Laurent Dingli, écrivain passionné par l’Histoire, qui, tel un détective, enquête sur le passé, à la recherche de vérités.
Buz : Bonjour Laurent. Qu’est-ce qui vous a amené à publier votre premier livre ?
L.D.: J’ai toujours eu envie d’écrire. Après avoir présenté ma thèse de Doctorat sur le fils aîné de Colbert, j’ai voulu faire un livre accessible à un plus large public. J’ai donc retravaillé mon texte et proposé un manuscrit à diverses maisons d’édition. J’ai essuyé plusieurs refus avant de recevoir une réponse positive de Perrin et, six mois plus tard, Colbert, marquis de Seignelay, sortait en librairie, avec une préface de mon directeur de thèse, Jean Meyer, professeur à la Sorbonne. Le rêve devenait réalité. J’étais d’autant plus heureux qu’il est difficile d’entrer dans ce milieu.
Buz : Comment choisissez-vous le sujet de vos livres ?
L.D.: Cela dépend, c’est souvent un concours de circonstance. Pour mon second ouvrage, une biographie de Louis Renault, publiée chez Flammarion, je me suis intéressé au personnage après une rencontre avec sa petite-fille. J’ai été intrigué par la vie de cet homme et j’ai voulu mener ma propre enquête sur la rumeur noire qui l’a fait condamner pour collaboration sans même être jugé. Il fut un des pionniers de l’industrie aéronautique et le créateur de l’un des premiers chars d’assaut, qui contribua à la victoire de 1918. C’est à la suite d’une rencontre avec l’avocat Jacques Vergès, un admirateur de Robespierre, que j’ai eu l’idée de consacrer une biographie à l’Incorruptible. J’ai voulu ensuite aborder le champ historique par le biais du roman, ce qui m’a ouvert de nombreux horizons. Dans Une Pureté sans nom, un Allemand moyen, Max Gruber, écrit une longue lettre à son fils pour tenter de lui expliquer son parcours depuis 1904 jusqu’en 1950 : la Grande Guerre, la République de Weimar, la montée du nazisme… Le fils, récipiendaire de la lettre, appartient à une génération qui porte le poids d’un crime qu’elle n’a pas commis. J’ai d’ailleurs rencontré des Allemands de cette génération ici même en Bretagne, des personnes pour lesquelles l’évocation de cette période est encore très douloureuse.
Buz : Comment écrivez-vous vos livres ?
L.D.: Une fois que j’ai déterminé le thème d’un ouvrage et fait un plan plus ou moins détaillé, j’effectue de longues recherches soit dans les archives, soit en bibliothèque suivant l’esprit du livre. Une biographie historique nécessite environ cinq ans de travail, un roman, entre deux et trois ans. Dans les deux cas, l’écriture succède le plus souvent à ce travail d’enquête, mais il peut arriver que les deux soient menés simultanément, tant l’envie de composer est irrépressible. L’unique secret, c’est le travail. J’écris en région parisienne et à Crozon où je réside une partie de l’année. J’ai découvert la Bretagne grâce à mon épouse, qui est originaire de Morgat et m’a fait partager son amour de la Presqu’île.
Buz : Vous arrive-t-il de relire vos livres après leur parution ?
L.D.: Dans le fond, je ne suis jamais content de mon travail, heureusement que mon épouse est là pour me cadrer, me redonner confiance en moi. Il n’est pas possible d’avoir un avis objectif sur sa propre création. Avant la parution d’un livre, j’évolue d’ailleurs dans une autre dimension, quasiment hors du monde réel. En revanche, une fois l’ouvrage terminé, je le relis une dernière fois, comme pour le découvrir en même temps que le lecteur et tenter de m’identifier à lui.
Buz : Que vous apporte l’écriture ?
L.D.: Pour moi l’écriture est un moyen d’échapper à la réalité, un besoin de s’extraire du quotidien. Elle me permet de voyager dans le temps, de découvrir des situations et des personnages en même temps que je les façonne. Comme bien d’autres écrivains, j’ai souvent l’impression que ceux-ci me guident plus que je ne les conduis, comme si la création s’arrogeait une autonomie et procédait à une forme d’auto-engendrement.
Buz : Quels sont vos projets :
L.D.: Mon prochain roman, Dans l’ombre des Lumières, paraîtra en octobre prochain, aux Editions Flammarion. Il s’agit d’une fresque historique sur la Révolution française. Le récit commence au bagne de Brest, en 1825, alors qu’un visiteur, jeune aristocrate philanthrope, observe un forçat mutilé. Le livre raconte son histoire, l’histoire d’une imposture et de la puissance du mal. Parmi mes autres projets, je viens de commencer mon premier roman contemporain dont un des principaux thèmes est l’écologie, sujet qui me tient tout particulièrement à coeur, et je travaille également sur une idée de pièce de théâtre.
Buz : Laurent, merci beaucoup et très bonne continuation à vous pour la suite des événements.