Commentaire écrit en réaction de l’artile de Madame Corinne Lepage Les marins pêcheurs victimes des temps modernes.
Lundi 26 mai 2008
Lundi 28 juillet 2008
J’ai discuté hier avec un marin pêcheur breton. Je comprends le désarroi de cet homme. Il exerce l’un des métiers les plus difficiles qui soit et la situation de la pêche française est plus que déprimante. Pour autant, le dialogue a été difficile. Lorsque j’ai évoqué la raréfaction de la « ressource » halieutique, j’ai été confronté à une sorte de déni : les scientifiques disent n’importe quoi, la technique embarquée prouve que les poissons sont bien là, etc. Bien sûr, cet homme était très remonté contre le président de la République, les promesses d’aides n’étaient pas tenues. Il dénonçait aussi la pêche espagnole, un sujet récurrent, comme dans le domaine agricole. J’ai évoqué la question des navires usines affrétés par la grande distribution (Carrefour, etc.), qui ratissent les fonds, mais ce sujet n’avait pas l’air de l’inspirer. J’aurais pu aussi évoquer l’impulsion donnée jadis par l’Europe pour s’équiper et moderniser les flottes à une époque où l’on pensait – où plutôt l’on feignait de croire – que la ressource était inépuisable et qu’il n’y avait qu’à l’exploiter. En somme, il serait bien vain de désigner tel ou tel coupable, tous les intervenants ayant une part de responsabilité dans cette situation dramatique. Il est certain que, pendant des années, les responsables politiques n’ont pas adressé un message clair en direction de ce groupe professionnel, c’est le moins que l’on puisse dire. Le lobbying effectué dans les couloirs de Bruxelles par tous les ministres de le pêche français, quel que soit leur sensibilité politique, a conforté la vision que l’Europe exagérait ses alarmes et fixait des quotas trop importants, alors que dans le même temps, les associations écologistes telles Greenpeace ou le WWF, martelaient que les données de Bruxelles étaient largement sous-estimées. Force est de constater aujourd’hui que leurs alertes étaient fondées. Le manque de courage politique est toujours source de drames et ce sont des gens souvent modestes qui paient aujourd’hui le prix d’années d’incurie. Il faut donc aider les pêcheurs à se reconvertir, peut-être équilibrer les quotas alloués à certains pays et faire pression sur les Etats qui n’appartiennent pas à l’UE, un chantier particulièrement difficile à mettre en oeuvre. Protéger les océans de manière drastique est tout simplement une question de survie. On a beaucoup glosé sur l’Union pour la Méditerranée, mais si elle pouvait seulement atteindre son objectif environnemental, c’est-à-dire freiner l’agonie de ses écosystèmes, elle aura atteint un objectif majeur. Ce type de partenariat, extra-communautaire constituera peut-être, dans l’avenir, une réponse parmi d’autres au défi environnemental.