Mon beau renard

Copyright Florence Lanaud – Tous droits réservés – All rights reserved

Mon petit prince à la robe feu, mon goupil, mon âme sauvage,
Je me souviendrai du jour où je t’ai vu trotter sur la lande. Toi mon bandit de grands chemins, mon paria famélique, mon solitaire. Je t’ai surpris dans cette quête sans fin, au hasard d’un sentier, essayer d’échapper aux fusils des chasseurs.

Mon petit prince à la robe feu, mon goupil, mon âme sauvage,
Quand j’ai vu ce qu’ils t’avaient fait. Quand je les ai vus t’enfermer dans une cage jusqu’à te rendre fou de douleur, puis t’électrocuter par l’anus pour te voler ta belle fourrure. Quand je les ai vus te déchirer le corps avec leur piège de fer, te brûler les entrailles avec leur poison, te déterrer pour te faire déchiqueter par leurs chiens. Quand je les ai vus rire de ta souffrance et de ta mort puis s’en glorifier devant ta pauvre dépouille, j’ai compris que c’étaient les mêmes qui avait inventé Auschwitz et Hiroshima, le génocide des Arméniens et celui du Rwanda.

Mon petit prince à la robe feu, mon goupil, mon âme sauvage,
Je t’ai vu, tout petit encore, pendant tes si rares moments d’insouciance, jouer dans mon jardin en courant derrière un papillon. Une autre fois, je t’ai surpris, sur un sentier du Finistère. J’étais contre le vent, avec mon labrador Master, et nous nous sommes arrêtés tous deux. Moi, pour t’admirer, et Master, pour renifler les odeurs poivrées et musquées de la lande. Comme tu avais l’air heureux et libre alors. Tu t’étirais de plaisir, au soleil, sur l’un des chemins creux qui mènent à la plage de l’Aber. Je ne sais pas combien de temps a duré cette ivresse. Et puis tu nous as vus et tu es parti avec ta légèreté coutumière comme un songe empanaché. Il m’a fallu un effort pour me remettre de cet état, mélange d’extase, de curiosité et de torpeur.

Mon petit prince à la robe feu, mon goupil, mon âme sauvage,
Je n’oublierai jamais le jour où je t’ai vu agoniser sur une route de la région parisienne, la nuit, non loin du parc de Saint-Cloud. Tu venais de te faire renverser, et le conducteur,
à la fois pressé et tranquille, comme tous les tueurs involontaires, avait déjà passé son chemin. Nous nous sommes arrêtés, ma femme et moi, et nous avons croisé, impuissants, ton dernier regard qu’éclairait la lumière diaphane des réverbères.
Comme ce regard, bientôt voilé par la mort, était poignant tant il recelait d’incompréhension, de souffrance et de tristesse. J’aurais voulu te parler, te caresser, te dire que je n’étais pas comme eux, que je savais que tu existais et que je ne me voyais pas comme l’unique habitant de ce monde.

Mon petit prince à la robe feu, mon goupil, mon âme sauvage,
Je te rends grâce, toi l’ange rebelle, tu m’as sorti un peu de la médiocrité de mon espèce en m’indiquant la voie de la paix, du respect et de la tendresse.

Copyright Florence Lanaud – Tous droits réservés – All rights reserved

Je remercie tout particulièrement mon amie Florence Lanaud, magnifique artiste qui a eu la grande gentillesse de faire ces dessins pour illustrer mon texte. J’invite tout le monde à respecter la propriété intellectuelle de ces oeuvres originales.

Laurent Dingli 27 juin 2017

Illustration : extrait de l’affiche du merveilleux film de Luc Jacquet, Le renard et l’enfant.

Le renard : un massacre perpétuel

Voici les méthodes atroces utilisées chaque année pour “réguler” le renard, une espèce qui s’auto-régule naturellement et qui est bien plus utile à la nature que les assassins qui la traque.

Mobilisons-nous, partageons cette vidéo ! Mettons fin à cet acte de barbarie.

Signons également la pétition :

Le collectif Bernard Le Renard lutte pour retirer le renard des listes des animaux nuisibles (injustement répertorié) en France afin de le protéger des pratiques barbares et de masse qui sont employées pour sa destruction. Sa page Facebook et son compte twitter.

Vous pouvez aussi soutenir les associations qui luttent plus particulièrement pour la protection de la faune sauvage telles que l’ASPAS (Association de protection de la faune sauvage) ou FERUS (Ours-loup-lynx Conservation).

Presse : Voir Le renard est-il vraiment un animal nuisible ?, l’interview de François Moutou, parue dans La Croix à l’occasion du colloque national sur le renard des 12 et 13 mai 2017, et Le renard n’est pas un animal nuisible, arrêtez de le massacrer, la tribune d’Ariane Ambrosini, juriste auprès de l’ASPAS, sur le site de reporterre.